Premier film en couleur et en cinemascope d'Elia Kazan, cette adaptation du livre de John Steinbeck peut surprendre ceux qui l'ont lu car il ne reprend qu'une partie du bouquin, celui-ci couvrant une période beaucoup plus large.
Mais malgré ça, Kazan s'en tire bien, techniquement aussi car l'emploi qu'il fait du cinemascope lui permet des choses intéressantes, comme d'opposer un acteur à un autre, ou certaines utilisations des cadrages dans la scène du couloir du claque tenu par la mère, ou les scènes entre Cal et son père à la table familiale et au chevet du lit.
Malgré certaines lourdeurs liées au puritanisme du père et certains effets mélodramatiques appuyés, le film est une réussite qui vaut en partie pour la prestation de James Dean, alors obscur petit acteur de théâtre et de télé que Kazan venait de découvrir. C'est le premier de ses 3 grands films, et son jeu à fleur de peau très marqué par le style Actor's Studio, pèse beaucoup, nul doute que l'ado tourmenté qu'il incarne était un écho de sa propre vie, mais d'emblée il marque par son grand charisme et cette intériorisation du personnage de Cal qui contraste évidemment avec le jeu plus classique de Raymond Massey qui livre cependant lui aussi une bonne prestation dans son registre. Les scènes avec la mère sont terribles, et Jo Van Fleet est également une remarquable actrice.
Le sentiment autobiographique est aussi perceptible chez Kazan, j'avais vu une interview de lui où il révélait que des sentiments et des choses profondément vécues étaient dans le film ; on y retrouve en effet la plupart des thèmes qu'on voit dans ses autres films : relations entre 2 frères, ou entre parents et enfants, la détresse affective... bref, c'est un drame familial intense et douloureux avec une évidente réminiscence biblique et une psychologie poussée des personnages.