Après avoir dévoré le roman de John Steinbeck, et l'avoir propulsé en tête de mon Top 10 livres, je ne rêvais que d'une chose : prolonger le plaisir en regardant le film de Elia Kazan. C'est dire si je partais d'un a priori positif !
Malheureusement, j'ai vite été déçue. Tout ce qui m'a plu dans le livre était absent du film. Il passe à mon sens trop rapidement sur des éléments essentiels du roman (ou du moins sur sa dernière partie, qui est seule à l'origine de l'adaptation cinématographique). LE mot le plus important du livre, Timshel !, n'a même pas été prononcé!
La qualité du livre tient à deux éléments essentiels :
- la façon dont l'auteur dépeint avec brio la complexité de chaque personnage, avec leurs contradictions et leurs évolutions;
- l'aspect philosophique, et notamment à travers le personnage de Lee (et de Samuel pour les premières parties).
Or, la profondeur d'âme de chaque personnage m'a semblé avoir été remplacée par une caricature superficielle dans l'adaptation. Certains ont même été travestis. C'est le cas de Kate, diaboliquement redoutable dans le livre, qui a été étrangement radoucie dans le film.
Et que dire de Lee, personnage central et particulièrement marquant, à qui Elia Kazan n'a même pas trouvé une petite place !
Je ne sais pas si j'aurais apprécié le film sans avoir lu le livre. Peut-être est-ce là le secret : inverser l'ordre de la découverte pour apprécier l'adaptation en tant que telle, en évitant toute comparaison. Mais avec 48h entre la fin de la lecture et le visionnage, c'était tout bonnement impossible pour moi, et le film en a fait les frais!