Alors qu'il fait encore carrière sur le sol britannique, Hitchcock enchaîne les films à toute vitesse et, avec Rich and Strange, il en est déjà à son sixième film parlant, deux ans seulement après son premier Blackmail.
Il s'éloigne ici des thèmes et du style qui feront sa renommée dans la suite de sa carrière et aborde le couple, la fidélité ou encore la sexualité à travers cette oeuvre co-écrite avec sa femme et qui semblerait contenir quelques touches autobiographiques. Il nous transporte au cœur d'une croisière où un jeune couple testera la solidité de leur amour, et tenteront d'échapper à l'ennui de la vie citadine londonienne.
Si on est loin de la qualité de ses meilleures œuvres, qu'elles soient anglaises (Les 39 marches, Une Femme disparaît, Frenzy...) ou américaine (Rebecca, Psycho, Vertigo...), Rich and Strange n'en reste pas moins intéressant à plus d'un titre. Le futur maitre du suspense bénéficie de personnages intéressants, rendant le film plutôt plaisant à suivre et il n'en oublie pas non plus quelques petites touches d'humour et de légèreté, rendant cette étude des moeurs et des comportements moins anecdotique qu'elle n'y paraît. C'est d'ailleurs là que le film est plutôt surprenant, dans sa façon d'aborder ces thèmes et d'être assez direct.
Après c'est tout de même loin d'être transcendant et ça ne dépasse jamais le cadre du "intéressant" et plaisant. C'est assez bien rythmé pour ne pas voir l'ennui pointer son nez et les péripéties sont nombreuses. Niveau mise en scène, malgré quelques effets plutôt sympas, Hitchcock a déjà été bien plus inspiré, que ce soit avant ou après. Un certain charme se dégage tout de même de Rich and Strange et Hitchcock bénéficie de bonnes interprétations (à noter qu'il ne fait pas son habituel caméo), notamment Joan Barry qui apporte une vraie touche de douceur dans ce monde de brutes...
Si Hitchcock est loin de ses plus belles années, tant dans le style que la qualité, Rich and Strange n'en reste pas moins un film plaisant où il aborde le couple et ses complications tout en bénéficiant d'une Joan Barry qui ne manque ni de douceur, ni de charme.