Marc Forster nous offre une plongée dans l'Amérique raciste, à travers les destins croisés de deux personnes en quête d'amour et de rédemption. Glaçant et magnifique.

Lui, c'est Hank. Il habite dans le sud des États-Unis, il est gardien de prison et raciste, comme son père. Elle, c'est Leticia, elle est noire, et doit élever seule son fils après que son mari ait été condamné à mort. En prenant pour toile de fond cette Amérique raciste au quotidien, Forster utilise le genre à priori classique de la rencontre entre deux êtres que tout opposent. Dans un gigantesque choc des cultures il met face à face le courage de cette mère solitaire qui se bat pour élever son fils dans la dignité, et la lâcheté de cet homme qui ne parvient pas à s'extraire des attentes placées en lui par son propre père, et qui tente de retranscrire le schéma familial chez son fils par la force. C'est simple, toujours, mais beau.

Cette opposition se retrouve dans les situations mises en scène par le réalisateur. La noirceur et la dureté la plus totale y côtoient une élégance, une finesse, une beauté diaphane qui imprègne peu à peu la pellicule. L'aspect métallique et désaturé de l'image donne au film un aspect réaliste étouffant. C'est dans cette moiteur que les corps se mêlent et s'entrechoquent, dans un tourbillon d'émotions contradictoire, mélange de fierté à fleur de peau, de dégout de soi même et de lassitude désabusée.

Billy Bob Thornton y est tour à tour glaçant et poignant, Halle Berry toujours saisissante, parvenant à faire passer toute sa détresse en un seul regard. Leur face à face vacille à chaque instant entre réalisme glauque et grâce sublime. Il y a surtout une force qui transpire de leurs interactions, une telle vérité qui émane de leurs moindres actes, que l'on ne peut douter un instant de l'absolue sincérité de leurs convictions. On regrettera simplement que les événements s'enchainent aussi vite, comme si la rédemption recherchée par Hank arrivait du jour au lendemain. Une pirouette scénaristique qui ne suffit pas à plomber le film, mais qui pourra perturber certains esprits chagrins.

On ne boudera pas son plaisir, malgré tout, devant cette œuvre puissante et injustement méconnue.
Hyunkel
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le 6 déc. 2011

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Hyunkel

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