Etienne Colmar signe un film très prévisible qui n’a d’intérêt que les comédiennes toutes très bonnes et le jeu tout en retenue d’Alex Lutz. Sinon, presque tout le reste est à l’avenant.


On y suit Luc, chanteur lyrique renommé. Ce dernier accepte de donner des cours de chant dans une prison pour femmes. Bientôt, il devra faire face à leurs tempéraments imprévisibles et à leurs drames carcéraux. Entre bonne conscience et quête personnelle, Luc tentera alors d'offrir à ces femmes un semblant de liberté.


Le film n’est pas s’en rappeler le récent ‘Un triomphe’ d’Emmanuel Courcol qui racontait exactement la même chose. Kad Merad interprétait un comédien qui donnait des cours de théâtre dans une prison pour homme. Le film de Colmar me semble avoir le même problème que le film de Courcol. Ces films pleins d’intentions louables (mettre au centre des prisonniers dans le cadre d’une activité artistique), bourré d’optimisme (des personnes en difficulté qui vont s’épanouir) et de sentiments positifs (l’exaltation de l’effort et de l’amitié) ont une qualité et un défaut. Ils sont plaisants car ils sont généreux. En revanche, ils sont extrêmement programmatiques. Ils vont de la lettre A à la lettre Z et sans aucuns détours. Evidemment que les détenus vont progresser et finiront par chanter correctement. En conséquence, le spectateur n’aura aucune surprise durant tout le visionnage du film.


Les films de prisons sont légions au cinéma, mais ce sont principalement des prisons pour hommes. Par exemple, ‘Un prophète’ de Jacques Audiard ou dans un tout autre genre ‘I Love You Phillip Morris’ de Glenn Ficarra et John Requa. En revanche côté filles, pas grand-chose si ce n’est ‘La Taularde’ d’Audrey Estrougo. Visiblement, cela n’a pas poussé le cinéaste à documenter le spectateur sur cet univers carcéral. On voit à peine la vie des taulardes en dehors des cours de chants : les conditions de vie plus que difficiles ne sont que peu montrées. Le profil des détenues est vite évacué au début, annoncé par une des surveillantes. En revanche, Colmar se sent obligé de détailler l’histoire hors-prison de Luc. On y apprend qu’il ne chante plus depuis la mort de sa mère à cause de sa culpabilité. Le summum a été pour moi la scène sans intérêt de cunnilingus entre Luc et une barmaid.


En revanche, Colmar s’est entouré de comédiens exceptionnels qui ont suffi à mon bonheur. Alex Lutz est d’une retenue, d’une sobriété remarquable. Il est loin l’excentrique Lutz travesti en secrétaire blonde pour Canal + ou interprétant le fils d’un nazi dans le deuxième OSS 117. Il est d’une part très crédible en chanteur d’opéra, mais on le sait que depuis la secrétaire Catherine pour ‘Catherine et Liliane’ jusqu’au chanteur has been ‘Guy’, Alex Lutz est un vrai acteur caméléon. Mais d’autre part, il livre une interprétation très profonde. Ses scènes avec Agnès Jaoui, qui joue la détenue la plus atteinte, fonctionnent parfaitement. Cette dernière joue son personnage sans tomber dans la caricature et elle chante très bien. Hasfia Herzi et Veerle Baetens confirment qu’elles sont de très bonnes comédiennes. Quant à Marie Berto, Fatima Berriah et Anna Nadjer, elles apportent de la spontanéité et la fraîcheur nécessaire.


‘A l’ombre des filles’ est donc exclusivement un film de comédiens. Il n’est à voir que pour eux et pour le sujet généreux.

Noel_Astoc
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le 14 avr. 2022

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