Leaving Paris
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‘Les volets verts’ promettait beaucoup par ses atouts : Simenon, Depardieu, Ardant. En résulte un film dont on pourrait dire qu’il est de « qualité française ». Il est surtout ennuyeux, sans rythme et sans réel fond. Seuls les acteurs surnagent dans ce bourbier.
"Les Volets verts" brosse le portrait d’un monstre sacré, Jules Maugin, un acteur au sommet de sa gloire dans les années 70. Sous la personnalité célèbre, l’intimité d’un homme se révèle.
Ce qui saute aux yeux, c’est le vide et la prévisibilité de l’histoire. ‘Les volets verts’ est-il un bon roman de Simenon ? Ne l’ayant pas lu, je ne saurais répondre. Fallait-il adapter au cinéma ? La réponse à cette question est cette fois plus sûre : non ! Le personnage principal est antipathique, pas assez attachant. Par conséquent, on ne peut s’y intéresser. Il n’y a aucune programmation dramatique, la fin est plus qu’attendue. Les scènes se succèdent et se répètent : les représentations, les répétitions, les tournages. Les dialogues sont assez ineptes. Depardieu ne fait que se saouler, dire des jurons, insulter son entourage. L’idée idiote est d’avoir ouvert le film sur un rendez-vous médical, annonçant que Maugin a le cœur d’un homme de 75 ans. Toutes ces aberrations sont étonnantes car le scénario est signé par l’excellent Jean-Loup Dabadie.
En termes de facture, le film est assez vieillot. Ca sent la naphtaline. La lumière est soignée, les décors assez beaux, l’époque a été bien reconstituée. Mais c’est un film qui ne vit pas, qui est engoncé. Jean Becker échoue a rendre son film intéressant, à trouver des échos à l’époque. Ca n’est qu’une simple adaptation illustrée d’un livre, Becker n’y a rien ajouter de plus.
Le film souffre de la comparaison avec le récent ‘Maigret’ de Patrice Leconte. Les points communs sont assez nombreux. Depardieu y interprétait également un personnage de Simenon, et s’appelait d’ailleurs déjà Jules. Mais dans ‘Maigret’, il y avait une enquête donc une histoire avec des enjeux et puis surtout Lecomte avait réussi a instaurer une ambiance crépusculaire, qui se fait cruellement manquer ici.
Ce qui est curieux, c’est que les derniers films de Depardieu semblent être des documentaires sur l’acteur. Le ‘Maigret’ évoquait la perte d’une jeune fille, qui était une façon détournée d’évoquer la mort de son fils. Le pas très fameux ‘Robuste’ de Constance Meyer montrait l’artiste dans sa profonde solitude. Ici, Becker met Depardieu face à sa santé, ses gueulantes et son rapport à l’alcool. Le réalisateur fait d’inégales allusions à la carrière artistique de l’acteur. Depardieu sur scène rappelle ‘Le dernier métro’ de Truffaut. Reconstituer le duo Depardieu-Ardant est une belle idée et rappelle ‘La femme d’à côté’. Mais faire chanter à Depardieu/Mangin la petite cantate de Barbara dans son agonie finale (allusion à son spectacle ‘Depardieu chante Barbara’) puis prolonger la chanson en extradiégétique avec la vraie chanson est une idée bien sotte.
Finalement, ma seule joie a été le jeu des comédiens presque tous excellents. Car pour une Stéfi Celma un peu verte face au géant Depardieu et un Fred Testot parfaitement terne, Anouk Grimberg a une gouaille merveilleuse. Poelvoorde est parfait comme d’habitude. Fanny Ardant est absolument royale. Elle ardantise pour mon plus grand bonheur, c’est-à-dire qu’elle déclame des tirades incompréhensibles avec son inimitable voix. Une citation pour le plaisir : « Attendre ou faire attendre… ». Enfin, Depardieu règne sur l’ensemble et est absolument génial. Mais ces acteurs auraient été tellement plus heureux avec un meilleur scénario.
‘Les volets verts’ est un mauvais film qui manque d’idée, d’un vrai metteur en scène. Le film n’est pas honteux, mais franchement Becker ne s’est pas fatigué. Les films de Becker-père (Jacques Becker, réalisateur des remarquables ‘Casque d’or’, ‘Falbala’ et du ‘Trou’) brillent encore par leur modernité, ceux du fils sont de pures vieilleries.
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le 28 août 2022
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