Jean Becker signe un petit film (1h20 tout mouillé), au rythme (très) pantouflard, aux blagues légères un peu vieillottes, à l'intrigue dans son jus (datée), mais dans lequel brille Gérard Depardieu, incarnant un comédien qui a abusé des bonnes choses de la vie (surtout de l'alcool) et se voit prédire une fin proche s'il ne change pas de comportement. Mais cet habitué à la vie épicurienne acceptera-t-il le régime sec, ou préfèrera-t-il partir sur un dernier coup de barouf ? Avec son récent AVC dû à l'alcool qui l'oblige à trinquer à l'eau claire, à son plus grand regret, et depuis sa nécessité d'avoir toujours une oreillette (discrète) pour lui souffler son texte, Gérard Depardieu était fait pour ce rôle, et chaque réplique nous en donne la preuve. Et ainsi son personnage fait son choix (dès le départ) de

partir sans regrets, par le biais de l'alcool, il s'éprend vite d'une jeune fille qui a besoin d'un petit coup de pouce mais refuse de se donner au vieux dragueur, et veut tout lui laisser à sa mort, si elle veut bien rester avec lui jusqu'à la fin.

Non, vous n'êtes pas dans Leaving Las Vegas (l'excellent film avec Nicolas Cage, d'une tristesse et désespoir infinis), mais dans une version de Georges Simenon, un Leaving Paris, en quelques sortes. Finis les planches, les zincs, ce comédien sur le déclin veut tâter du sable, et il a bien raison. Les Volets verts a quelques séquences amusantes (nos préférées : la bière sans alcool, et la partie de pêche), et un acte final prévisible mais efficace (et avec un dernier plan qui nous met le doute :

ce silence pesant devrait être coupé de bruits d'eau - indiquant que la jeune femme ne l'a pas entendu s'écrouler, avec les éclats de la salle de bain - ou par des bruits de pas affolés... Ce silence nous a fait questionner la bonne foi de cette pupille en or... Non ?

). Il n'en reste pas moins que si Les Volets verts (pas très verts d'ailleurs... Entre bleus et verts : blerts) traîne ses savates durant sa petite durée, il peut compter sur son Gégé plus qu'impliqué dans son personnage, avec une fin qu'on ne lui souhaite vraiment pas ! Santé, mais vive le Champomy !

Aude_L
6
Écrit par

Créée

le 24 août 2022

Critique lue 2.5K fois

11 j'aime

Aude_L

Écrit par

Critique lue 2.5K fois

11

D'autres avis sur Les Volets verts

Les Volets verts
Aude_L
6

Leaving Paris

Jean Becker signe un petit film (1h20 tout mouillé), au rythme (très) pantouflard, aux blagues légères un peu vieillottes, à l'intrigue dans son jus (datée), mais dans lequel brille Gérard Depardieu,...

le 24 août 2022

11 j'aime

Les Volets verts
Tom_Ab
7

Monstre sacré

Ce film est un film d'acteur, c'est à dire taillé pour Depardieu, et ne laisse sa part à presque personne d'autre (Fanny Ardant, Benoit Poelvoorde sont écrasés par l'ogre du cinéma français). On voit...

le 13 sept. 2022

8 j'aime

8

Les Volets verts
Behind_the_Mask
7

Le coeur révélacteur

Retrouver Gérard Depardieu, dans la première scène d'un film, en pleine auscultation médicale, c'est devenu commun au cinéma en 2022. En effet, l'adaptation de Maigret par Patrice Leconte commençait...

le 3 sept. 2022

8 j'aime

4

Du même critique

The French Dispatch
Aude_L
7

Un tapis rouge démentiel

Un Wes Anderson qui reste égal à l'inventivité folle, au casting hallucinatoire et à l'esthétique (comme toujours) brillante de son auteur, mais qui, on l'avoue, restera certainement mineur dans sa...

le 29 juil. 2021

49 j'aime

The Substance
Aude_L
9

Notre Palme d'or 2024 !!!

On sortait de plusieurs drames "qualitatifs mais pompeux" (on va le dire poliment) dans ce Festival de Cannes 2024, alors quand vous vous asseyez en bout de rangée (Team Last Minutes), et que le papy...

le 28 mai 2024

41 j'aime

Mulholland Drive
Aude_L
5

Tout le monde adore...sauf moi (snif).

Certes, David Lynch a un style bien à lui et reconnaissable entre mille, mais il faut l'aimer, si l'on veut s'extasier devant Mullholland Drive. Subjectivement, on n'y a rien compris, si ce n'est...

le 9 oct. 2021

41 j'aime