Leaving Paris
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le 24 août 2022
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Retrouver Gérard Depardieu, dans la première scène d'un film, en pleine auscultation médicale, c'est devenu commun au cinéma en 2022. En effet, l'adaptation de Maigret par Patrice Leconte commençait déjà de la même manière en février dernier.
Les Volets Verts, c'est du Simenon, aussi. Cette fois-ci sous la caméra de Jean Becker.
Soit un réalisateur sous-estimé parfois, qui s'est spécialisé dans les adaptations littéraires, que l'on qualifie souvent de pantouflard, ou encore de classique, dans son sens le plus péjoratif. Quand on ne parle pas, avec un dédain lamentable, de fadeur.
Sauf que s'il faut reconnaître que depuis 2014 et son Bon Rétablissement, ce n'est plus trop ça, le nom de Jean Becker se cache aussi derrière de sacrées réussites comme L'Eté Meurtrier, son meilleur film, Les Enfants du Marais, ou encore Dialogue avec mon Jardinier et Deux Jours à Tuer.
Les Volets Verts se rapproche même des deux derniers cités, en dessinant une nouvelle tentative de se retrouver, de rompre avec sa propre vie.
Comme à l'occasion de Maigret, ce rôle de comédien se nourrit du vécu de son interprète, encore une fois à son avantage sous l'oeil de la caméra. L'identification joue à plein ici, et l'on imagine la vie de Gérard Depardieu épousant les contours de celle de Jules Maugin. D'autant plus que l'apparition de la toujours aussi ravissante Fanny Ardant fait immédiatement écho à leur performance commune dans La Femme d'à Côté.
Pour le reste, le chemin emprunté est connu : celui du sommet d'une gloire déclinant peu à peu, d'une fin de vie qui s'annonce assombrie par les regrets, le déclin physique et les frasques.
Un personnage qui s'est perdu, qui est resté sur la perte d'un amour dont on ne se remet jamais vraiment.
Un personnage changeant mais profondément fait de sentiments qui s'enfuient et de monologues amoureux silencieux. Jules Maugin, malgré les recommandations, continue de s'abîmer. Un personnage qui signe la plus grande réussite du film : capturer la solitude intérieure que la célébrité ne saurait guérir. Un personnage qui ne comprend plus son temps.
Le film capture aussi, dans un sentiment de mélancolie ouatée, certaines coulisses de la vie d'un ogre par nécessité, déclinant lentement.
Jules Maugin a beau gueuler, s'emporter, se murger et se complaire dans ses excès, il n'en demeure pas moins qu'il reste, à la fin de la séance, un être désarmant, attachant, touchant, qui essaie de se sauver par l'intermédiaire d'un entourage bienveillant.
Mais il reste aussi, cependant, derrière le sourire, le vide d'un bilan tiré et surtout, cette solitude soulignée par un plan final d'une beauté confondante, mais qui fait aussi réaliser que, finalement, nous ne sommes pas grand chose ici bas...
Behind_the_Mask, qui se noie dans la vodka.
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le 3 sept. 2022
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