Le coup de coeur de Bertrand Tavernier, qui nous l'a présenté lors de sa venue à Blois: un film dont le thème a priori ne m'interpellait pas spécialement et qui restera l'une de mes plus belles découvertes cinématographiques.
A partir d'un fait réel, l'histoire d'un solitaire qui va monter une monumentale escroquerie à tous les niveaux, ayant découvert, par hasard, un chantier d'autoroute abandonné depuis deux ans, véritable catastrophe économique pour toute la région.
Philippe Miller, c'est ainsi qu'il se fait appeler, est accueilli comme le messie : les fournisseurs le courtisent, les ouvriers, ravis de la reprise des travaux, se mettent à son entière disposition, fêtant ce patron providentiel qui leur redonne confiance.
L'homme est taiseux et ne livre rien de sa vie, mais peu à peu, et c'est une des réussites du film, il s'ouvre à la vie, aux autres, et se met à croire à ce projet insensé qu'il a créé de toutes pièces.
Il faut saluer la prestation exceptionnelle de François Cluzet tour à tour sombre et tourmenté, puis abandonné et heureux tel un enfant, dans les bras d'Emmanuelle Devos, remarquablement juste dans ce rôle de mairesse plus ou moins esseulée qui s'éprend de cet homme en détresse auquel elle croit.
Une magnifique peinture de la France en crise, et de ces gens qui la peuplent, un cinéma fait pour eux, avec amour et par amour.