Une longue pub Lindt
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le 5 mars 2023
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Sébastien Tulard met en scène et en images la vie de Yazid Hichemrahen en adaptant son autobiographie Un rêve d’enfant étoilé qui remonte jusqu’à sa difficile enfance à Épernay. Mis en avant, l’argument de l’histoire vraie est bien tenu par l’ensemble du film, même si condenser trente ans de vie en 1h50 exige quelques raccourcis
Le début du film se montre un peu hésitant, en alternant les scènes de l’adolescence de Yazid à Épernay et ses débuts dans le métier de pâtissier. On sent la volonté de montrer d’où il vient. Nous aurons droit à ses difficultés familiales, en particulier sa relation très houleuse avec sa mère (Loubna Abidar), son placement en famille d’accueil et l’ambiance dans un foyer où il côtoie de nombreux autres jeunes en difficulté. Un certain nombre de scènes montrent que son destin aurait pu dévier malencontreusement sur quelques décisions dues à des situations qui le dépassaient. Le film montre quand même que, depuis tout jeune, sentant ses capacités, il a la volonté d’émerger et trouver sa place dans le milieu de la grande cuisine et plus exactement de la pâtisserie. Le film montre également qu’il ne suffit pas d’avoir des qualités (du talent), pour réussir. Il faut aussi trouver les conditions nécessaires pour s’épanouir et s’entraîner encore et encore. On observe également toutes les rivalités qui peuvent éclater en cuisine, même si le film insiste sur le fait qu’il s’agit d’un travail d’équipe. Ceci dit, les thématiques du racisme, de l’autoritarisme et du sexisme n’apparaissent que pour un traitement superficiel.
La cuisine et le cinéma
Le début est sans doute révélateur, et du personnage et de la situation de Sébastien Tulard, dont ses 10 ans comme assistant-réalisateur n’en font pas encore le M.R.F. (Meilleur réalisateur de France), mais qui met tout son cœur dans ce premier film où il est aux commandes (également coscénariste avec Cédric Ido). Montrer d’où vient Yazid a son intérêt, mais certaines scènes sonnent comme des passages obligés et on ne sent pas la nécessité absolue de les placer dans le film, surtout par cette alternance répétée entre deux époques. Il faut dire que l’affiche indique clairement qu’il s’agit d’un film sur le milieu de la cuisine. On notera au passage que le titre joue sur un double sens certes astucieux, mais qui ne correspond qu’à moitié à ce que montre le film (si Yazid dort un moment à la belle étoile, on ne le voit jamais obtenir d’étoile comme chef pâtissier). Ajoutons qu’il a également le regard dans les étoiles, ce qui lui permet de montrer la Petite Ourse dans le ciel une nuit à un copain, ce à quoi le copain réagit en disant « Même quand on regarde des étoiles, le mec il voit des casseroles partout. » pour signaler un exemple de la volonté de tirer les dialogues vers la comédie quand les situations le permettent. Rassurons les curieux.ses, oui le film montre effectivement de la cuisine et Sébastien Tulard rappelle fort opportunément que le travail de confection en cuisine recèle un réel potentiel esthétique. On en a la preuve dès la première fois que Yazid est mis au défi par le chef auprès de qui il vient de se montrer maladroit : réaliser une Forêt Noire. Autant dire que ce qu’il confectionne et présente donne l’eau à la bouche. Oui, on a envie de la manger, sa Forêt Noire ! Et c’est l’occasion de dire que toutes les pâtisseries réalisées dans le film sont des œuvres réelles, avec des ingrédients adaptés et élaborées selon des techniques surveillées par des spécialistes (Yazid Hichemrahen a lui-même contribué à la supervision de cet aspect essentiel du film).
Escalade
Maintenant, il faut quand même dire que, malgré toutes ses bonnes intentions, ce film ne se montre pas d’une originalité remarquable. Il s’agit de l’ascension d’un jeune qui a le talent nécessaire, mais dont les origines ne le prédestinent pas du tout à trouver sa place dans le milieu de la gastronomie. Il y arrive à force de persévérance et il doit faire face à de nombreuses difficultés. Bien mises en valeur, les qualités de Yazid éclipsent d’éventuels défauts probablement gommés du fait que le matériau de base est autobiographique. Sélectionné au festival de l’Alpe d’Huez 2023, le film montre les étapes de l’ascension de Yazid et en fait peut-être un peu trop en cherchant à rendre spectaculaire une phase finale de championnat du monde par équipes des pâtissiers. On sent que le monde du spectacle est passé par là, en particulier la TV avec ses nombreuses émissions à succès exploitant l’intérêt pour la cuisine, mais également en cherchant à fabriquer du suspense à tout prix.
Le casting
Il est porté par Riadh Belaïche dans le rôle de Yazid, que Sébastien Tulard n’a engagé qu’après un temps de réflexion, considérant que le jeune homme présente un parcours en devenir comparable à celui qu’il incarne. En effet, s’il est connu actuellement comme youtubeur et influenceur sous le nom de Just Riadh (allusion au Dîner de cons ?), il montre ici qu’il peut trouver sa place comme acteur dans le paysage audiovisuel français. Sa composition est solide et sans faille et il parvient à se montrer émouvant, comme l’ensemble de celles et ceux qui l’entourent. Citons Patrick d’Assumçao et Christine Citti, Marwann Amesker (Yazid jeune), mais aussi Pascal Legitimus dans un second rôle, la charmante Lika Minamoto, ainsi qu’Esteban dans un contre-emploi.
Critique parue initialement sur LeMagduCiné
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le 23 févr. 2023
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