Adaptation ambitieuse de la trilogie de Philip Pullman, ce premier volet cinématographique couvre le premier livre : Les royaumes du Nord. Hélas tronqué de toute sa fin, avec un ordre chronologique bouleversé par rapport au roman, et d’une durée bien trop courte (1h40) pour exposer un univers aussi riche et complexe, le film souffre de plusieurs carences.
Les qualités visuelles sont pourtant bien au rendez-vous : le monde de Lyra est très convaincant, les SFX d’un très haut niveau, les interprètes finement choisis et la jeune actrice Dakota Blue Richards à la hauteur de son personnage. Un certain souffle épique surgit par moments, et la magie opère devant cet univers haut en couleurs, bien soutenu par une jolie partition d'Alexandre Desplat.
Hélas la mise en scène de Weitz galope là où elle aurait dû prendre son temps. Quel dommage qu’il n’ait eu, à l’instar d’un Peter Jackson, une durée plus importante à sa disposition. Quel dommage également que toute la fin de l’histoire ait été coupée afin d’être intégrée au début du numéro 2 qui ne vit jamais le jour.
L’échec commercial du film aux Etats-Unis qui a précipité la chute de New-Line et son rachat par Warner n’est pas tant dû à un manque d’attrait, mais à une campagne de dénigrement très virulente des puissantes églises locales, prétendant le film anti-chrétien, et poussant les enfants à l’athéïsme ! Alors que le film marchait très bien dans presque tous les pays du monde, son échec sur le sol Américain noyait la possibilité de découvrir un jour au cinéma la trilogie dans son intégralité. Et quelle frustration ! Car les romans de Pullman sont de très grandes œuvres dont l’intérêt et la puissance vont croissants au fil des pages. C’est donc avec une certaine amertume qu’on assistera à cette trilogie inachevée… Malgré ses défauts, elle ne méritait pas ça.