Premier épisode de la très longue saga qui met en place les éléments de la mythologie Bondienne. Même si d'autres éléments apparaitront plus tard (la séquence pré-générique, Q et ses gadgets) on a là l'essentiel: Bond lui-même et ses manies bien sûr, M et son bureau à la double porte capitonnée, Moneypenny et sa relation bizarre avec 007, et surtout le méchant mégalo et sa base secrète qui vise contrôle ou anéhantissement de l'humanité (rien que ça!). Méchant à la personnalité bien particulière: il accueille les intrus (qu'il avait voulu faire tuer 10 fois) de façon hyper-classieuse. Dr No membre du Spectre, cette célèbre organisation mystérieuse qu'on retrouvera dans de nombreux films, fait son speech et se pavane devant Bond… qui lui reste arrogant et provocateur, et ne fait pas grand chose en finesse. James Bond, incarné à merveille par Sean connery, n'est pourtant pas un personnage flatteur si on l'examine bien (en tout cas avec nos critères d'aujourd'hui): macho, buveur, fumeur, baiseur, pas finaud... Y'a des moments on croirait presque le OSS117 version Jean Dujardin, qui avait finalement juste poussé la carricature un brin (même le gag où il se recoiffe, Connery le fait plusieurs fois dans le film pour avoir une coupe impeccable dans le plan suivant).
C'est d'ailleurs amusant que la figure de l'espion ait été incarnée dans l'esprit populaire si longtemps par le personnage de 007, car il n'a rien d'un espion en fait. Un espion ça espionne (lui non, il rentre dans le lard), ça a une identité secrète (Bond se sert toujours de son vrai nom!), ça se fond dans le décors (lui jamais), ça cherche des informations en secret (lui tout le monde sait qu'il a débarqué à peine le pied posé en Jamaïque!).
Bien sûr techniquement le film accuse un peu son âge, et certains passages sont plutôt drôles (alors que c'était pas censé être le cas à l'époque), comme l'araignée mortelle qui grimpe sur Bond, et qu'on voit bien posée sur une vitre. Et puis bien sûr le côté kitch de l'ensemble: décors, appareils électroniques des années 60, costumes anti-radiation: c'est vraiment une autre époque, et ça se regarde aujourd'hui avec des yeux plutôt amusés, mais probablement pas le même regard qu'alors.
La réalisation de Young passe plutôt bien, misant à fond sur l'exostisme et l'atout charme Ursula Andress en bikini, et sur tout l'attirail de science-fiction du Dr.No, qui finalement n'est pas très éloigné de Fantomas (sauf qu'à l'époque nous on se marrait déjà, les british eux étaient plus sérieux).
Rayon musique, bizarrement le célèbre thème composé par Monty Norman a fini par m'agacer car très mal utilisé. Norman n'a apparemment composé que peu de musique pour le film, ce qui fait que le thème revient beaucoup, et généralement à des moments innapropriés, des moments anodins où il se passe rien: genre 007 arrive à l'aéroport, thème de James Bond...
Le tout reste sympathique à regarder plus de 50 ans après, mais c'est pas non plus ce qui s'est fait de mieux en la matière.