Bien avant qu’il ne devienne l’homme pivot de la comédie américaine des années 2000-2010, Judd Apatow signe ici l’un de ses premiers scénarios pour le cinéma, pour une comédie sportive rebondissante.

A la gloire des Celtics opère pourtant un pas de côté en évitant la traditionnelle comédie centrée sur le terrain, ici un terrain de basket-ball, pour aller dans les tribunes, du côté des fans. Mike O'Hara et Jimmy Flaherty sont ainsi deux grands fan(atique)s de l’équipe des Celtics de Boston. Ces inconditionnels veulent que leur équipe fétiche gagne pour la dernière fois dans leur stade mythique, le Boston Garden, bientôt démoli. Mais le premier match contre le club Jazz de l’Utah se solde par une défaite, il faut impérativement gagner le match retour. Alors, à la suite d’une nuit d’ivresse complètement folle, ils se retrouvent à kidnapper Lewis Scott, gloire des Jazz, joueur talentueux mais arrogant, afin de l’empêcher de jouer.

Impeccablement rythmé, malgré quelques facilités et passes un peu trop grossières, A la gloire des Celtics est une comédie assez plaisante, portée par l’amour des fans pour une équipe sportive, mais sans jamais glorifier ce milieu sportif, du côté des tribunes ou du parquet ciré. Mike et Jimmy, l’un est entraîneur de sport dans un lycée, l’autre plombier, sont ainsi deux exemples d’adultes un peu dépassés par leur vie professionnelle ou personnelle, qui ne vivent que pour leur équipe, au grand désarroi de la femme de Mike. Il y a ainsi une admiration à les voir évoquer les meilleurs moments de leur équipe, s’époumoner pour celle-ci ou contre l’adverse, dans des échanges à sens unique mais souvent très vifs. L’amour du sport s’effaçant plutôt dans la compétition. Ces fans ont aussi leurs rituels, leurs superstitions, prêts à croire en tout et un peu n’importe quoi si ça peut aider.

Mais en kidnappant Lewis Scott, ils le mettent aussi face à son comportement, le film pointant du doigt certaines dérives, telles que les joueurs stars qui font la pluie et le beau temps ou l’absurdité du marketing autour d’eux. Un spot publicitaire estampillé Nike se moque avec joie de la prétention allant jusqu’à l’extrême de ces clips. Le film sort en 1996, la NBA est alors depuis les années 1980 dans une forme rebondissante, avec certains de ses joueurs devenus superstars. A la gloire des Celtics ne remporta pas un succès critique majeur, certains lui reprochant son manque d’empathie alors que c’est pourtant son portrait en demi-teintes, amusé mais taquin, qui en fait sa qualité.

Le film prône pourtant le collectif, l’effort commun pour arriver à ses buts, d’un côté ou l’autre des lignes de jeu. Les deux allumés Mike et Jimmy sont incarnés par un beau duo avec Daniel Stern et Dan Aykroyd, deux habitués de la comédie, qui ont une bonne alchimie à l’écran. Quand les deux supporteurs devront enfiler les maillots de l’équipe adverse, ils le font avec un tel déchirement que le subterfuge nécessaire mais douloureux en devient atrocement comique. Damon Wayons est lui à la place du sportif Lewis Scott, à la fois dur et distant, mais qui semble aussi en cacher bien plus qu’il n’en dit. Ses remarques contre Mike et Jimmy ne font pas de cadeaux, mais l’évolution de leur « relation » bien que fragile fonctionne assez bien, sans angélisme.

La réalisation de Tom DeCerchio reste assez mécanique, assurément fonctionnelle. Pourtant quand la caméra s’invite dans le stade le film offre de belles retransmissions visuelles de matchs de baskets, arrivant assez bien à retranscrire l’énergie et l’impulsivité du terrain mais aussi côté tribune.

C’est un peu à l’image du film, parfois un peu trop scolaire, parfois plus bondissant. En n’en gardant que le meilleur, son humour parfois vachard et ses personnages bien poussés, A la gloire des Celtics (qui ne sont en fait pas si glorieux dedans) se présente comme une agréable comédie, sans grands sentiments, sans biographie romancée, mais avec l’oeil piquant de l’attaquant qui veut se démarquer.

SimplySmackkk
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le 25 nov. 2022

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