Alors que le commun des hommes mortels consacre quotidiennement une partie de sa journée pour sortir son chien, Ben Affleck, lui, sort des femmes. Des femmes qu'il regarde de loin, les mains dans les poches, l'air satisfait, pendant qu'elles gambadent joyeusement dans les prairies de l'Amérique profonde.
Il pose sur elles un regard bienveillant, ces pauvres hystériques, qui ne montrent leur amour qu'en courant ou en dansant le sourire aux lèvres. (Nota Bene : Olga Kurylenko fera tout de même preuve d'imagination dans l'ostentation affective en montrant des qualités de souplesse non négligeables au bord d'un TGV car, c'est bien connu, la SNCF n'aime pas qu'on fasse du raffut dans ses trains.)

Parfois, ces femmes s'énervent. Elles crient, elles se jettent par terre et Ben Affleck tente, dans sa bienveillance séculaire, de les protéger car elles peuvent à tout moment s'enfiler une boite entière de médicaments et il serait bête qu'elles ajoutent une insuffisance rénale aux carences affectives qui les parcourent déjà. Face à tant de paternalisme, elles ne peuvent finalement que s'incliner pour lui baiser les mains ou les pieds. Et tout cela sans même un mot de notre bienheureux oscarisé : il est au dessus de la folie qui semble imprégner toutes les femmes du film.

M'est avis que les sommets de beauté et de sensibilité atteints par The Tree Of Life occultaient entièrement la dimension étonnante du film de Terrence Malick. Le propos s'effaçait naturellement face à la démonstration magistrale du réalisateur qui réussissait à toucher viscéralement le spectateur que j'étais en dépit de l'incompréhension scénaristique à laquelle je faisais face.
Ici, les même procédés sont utilisés mais la luminosité extraordinaire de l'Arbre De Vie laisse place à une morosité lente et agaçante. Agacement accentué par la redondance de situations identiques et le renouvellement incessant des actions de l'héroïne.

- Elle tombe amoureuse, elle en a marre, elle part. Elle retombe amoureuse et revient donc encore plus fort mais pour en avoir deux fois plus marre et repartir de plus belle. Avant de reretomber une dernière fois amoureuse, pour la route, au moment de reprendre l'avion et de compléter son budget Miles. -

Terrence, j'aurais encore beaucoup de choses à dire. Je suis encore passé à côté d'un de tes films mais, cette fois, tu étais perché tellement haut que je n'ai même pas pu capter la dimension de beauté impalpable que tu insuffles à tes créations.

A bientôt.
woodstein_proje
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le 10 mars 2013

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