La caméra-stylo.

A la merveille est une oeuvre d'art devant laquelle il faut bien se concentrer pour en cerner et comprendre tout ce qui s'y trouve. Mais le film reste difficile d'accès, évasif par moment, et notre attention forcément se relâche. Il est dur d'apprécier ce film dans sa globalité car il est certain que Malic lui-même, à certains moments, ne sait pas où il va, captant la beauté de ce qui l'entoure. On peut bien sûr prendre ce film pour une vaste fumisterie et pourtant, en y regardant bien, on voit le génie.

On voit la caméra-stylo de Malick, cette caméra toute-puissante, si fluide, toujours bien placée, déformant l'espace et le temps, nous emmenant bien loin des schémas scénaristiques traditionnels. Les acteurs n'incarnent pas des personnages, ce sont des figures. Ben Affleck est le mâle toujours hors cadre (ou coupé), ou filmé de dos. Le plus souvent, il est une ombre, une masse noire qui tourmente Olga Kurylenko. Elle, elle danse, parce que si elle ne bouge plus, elle a l'impression de mourir. Elle vit de façon trop intense et ne se sent réellement bien dans aucun espace. Elle se lasse. Elle essaie de trouver la solution auprès de Dieu, puis de l'adultère, mais rien ne vient.

Les regrets, concernant A la merveille, sont, tout d'abord, le "personnage" de Javier Bardem qui est superflu, et les dialogues et les voix-off qui sont de trop. Le film de Malick aurait gagné à être plus radical encore, à être muet et à laisser simplement s'exprimer les corps des acteurs et le monde qui les entoure. Mais, le reste du temps, nous contemplons, parfois sans trop comprendre, cette oeuvre riche, dense, unique et surtout vivante.