Heart of gold
Terrence, ils se sont moqués de toi, ils t'ont hué à Venise, ils t'ont considéré comme fini. Terminé le grand Terrence de Tree of life. En voyant des 3 déferler sur Sens critique, des critiques...
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le 7 mars 2013
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Comme souvent chez Terrence Malick, les premières images s’accompagnent d’une voix-off. Cette fois-ci, il s’agit de celle de l’actrice ukrainienne Olga Kurylenko, et en français qui plus est. Surprenant ! Ce procédé récurrent chez le réalisateur américain est pour une fois moins bien intégré au récit que dans ses précédentes œuvres et prend une telle importance qu’il en occulte totalement les dialogues. Un pari osé pour un résultat en demi-teinte. Le dynamisme du film s’en retrouve impacté à la longue.
À l’instar de The Tree of Life et plus particulièrement Le Nouveau Monde, l’ensemble du film est une succession de scènes contemplatives, reliées entre elles par un mince fil conducteur qui a tôt fait de nous égarer. L’intrigue reste secondaire, ce sont les déambulations amoureuses des acteurs qui rythment le récit. On assiste à une magnifique histoire d’amour même s’il ne faut absolument pas chercher à rationaliser les péripéties de ce couple sous peine de s’ennuyer.
On ne comprend pas très bien où Malick veut en venir. Les personnages sont difficiles à cerner car exceptés en voix-off, ils ne parlent pas ou presque pas, au point qu’on ne connaît pas leur prénom. Il est du genre taiseux, elle est radieuse ou à l’inverse névrosée. Olga Kurylenko est grandiose, elle incarne l’amour avec beaucoup de retenue et prouve qu’elle peut interpréter un rôle beaucoup plus complexe que celui d’une simple James Bond girl (la belle mais uniforme Camille dans Quantum of Solace). Ben Affleck quant-à-lui m’a ému dans son rôle d’homme attentionné rongé par l’indécision à l’inverse de ses productions habituelles plus classiques (Pearl Harbor, Paycheck, Argo entre autres).
Le mélange des langues (français, anglais, espagnol et même italien) passe assez mal, on se retrouve confus devant ce melting-pot linguistique finalement pas indispensable et qui nous éloigne du cœur même du récit, de son essence qui se veut avant tout sensorielle et intuitive, et que la moindre parole semble profaner.
Le cinéma de Malick est fait de petites choses : une robe froissée par les hautes herbes, un mouvement gracieux de tête, des gouttes d’eau qui perlent délicatement d’une branche morte. Il parvient à faire ressortir un lyrisme toujours aussi envoûtant, et malgré l’absence de scènes de sexe ou de baisers, on n’est ébloui par cet amour en perpétuel évolution entre les deux amants. Tour à tour stable, fragile, vacillant, le réalisateur américain sonde ses différentes facettes sans jamais s’y laisser enfermer. Chaque geste n’est qu’effleurement, caresse, faisant de leur amour une relation magnifique mais qu’on devine incroyablement fragile.
La photographie est impeccable, ce qui en soit n’est pas un surprise avec Malick. Il exploite la lumière comme aucun autre cinéaste. Tour à tour d’une blancheur éblouissante, d’une chaleur réconfortante ou tout simplement absente, elle contribue à créer une atmosphère propice et est directement en rapport avec les situations. Par exemple, elle a tendance à devenir plus crue lors des scènes de disputes avant de reprendre une teinte plus douce, presque lénifiante.
Comme dans Le Nouveau Monde et dans une moindre mesure La Balade Sauvage, l’homme est exhibé comme une figure à idolâtrer, ici plus pour sa douceur et sa sensibilité que pour sa virilité, tandis que la femme est-elle célébrée pour sa nature aimante. Dans un second temps, les images s’adaptent à l’évolution du couple. Proche de la rupture, l’homme devient violent, incapable de réagir autrement que par des actes de frustration, face au comportement névrosé de sa moitié qu’il perd sans comprendre véritablement pourquoi. Cette plongée dans l’intimité d’un couple en pleine crise rappelle les deux œuvres majeures de Sam Mendes, American Beauty et surtout Les Noces Rebelles. Dans un registre plus sobre, le duo Olga Kurylenko/Ben Affleck soutient la comparaison avec Kate Winslet et Leonardo DiCaprio, ce qui n’était pas gagné d’avance.
Derrière, les personnages secondaires assurent leur rang mais disposent de trop peu de temps pour avoir un réel impact dans l’histoire. On aperçoit Rachel McAdams et Javier Bardem une petite dizaine de minutes chacun, clairement insuffisant pour apprécier leur prestation, exactement comme celle de Sean Penn dans The Tree of Life.
La descente aux enfers est lente mais inéluctable. Matérialisée par la voix-off d’ Olga Kurylenko “Les gens faibles ne mettent jamais les choses à une conclusion, ils attendent que les autres le fassent”. Et c’est exactement ça, déboussolée, désabusée, la jeune femme est au bord de la rupture mais ne parvient pas à être assez forte pour faire le nécessaire. D’autres éléments sont subtilement glissés dans la photographie et nous font comprendre l’échec de cet amour. La maison est à moitié vide, la façade n’est pas peinte, le jardin n’est pas aménagé, tout suggère qu’ils ne sont que de passage car leur amour n’est pas fait pour durer malgré, ou à cause de leur passion intense.
A la merveille est une magnifique histoire d’amour, belle et dure, néanmoins desservie par des personnages secondaires trop peu présents et un scénario confus. Une nouvelle performance un peu en-deçà des attentes mais très loin d’être le raté auquel on s’attendait.
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Créée
le 21 avr. 2021
Critique lue 48 fois
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