♫ Car le monde est tout petit ♫

Au milieu des suites et des remakes, zigzagant entre les produits mercantiles et le fan-service étouffant, se dresse l'un des réalisateurs les plus inventifs, les plus humanistes et les plus dévoués du blockbuster moderne, un homme déterminé à proposer un vrai spectacle pour petits et grands, à émerveiller. "Émerveiller". Ce mot si simple qui était à l'origine le leitmotiv de Disney et qui a depuis perdu de sa saveur. Ce terme, Brad Bird n'a cessé de le mettre en pratique.

Que ce soit à travers l'adaptation d'un roman de Ted Hugues (l'un des plus beaux dessins animés de tous les temps), une proposition époustouflante du monde des super-héros ou une aventure d'Ethan Hunt, l'ancien animateur est toujours resté fidèle à son mode opératoire, dévoilant un savoir-faire impressionnant emprunté à Spielberg, Dante ou Zemeckis. Pour son deuxième film en prises de vue réelles, il se penche sur une histoire originale inspirée d'une section Disney, "Tomorrowland", qui présentait le futur fantasmé à travers des attractions et des expositions avant-gardiste.

Assis derrière son bureau, Bird se demande alors : "C'est quoi ce Monde de Demain ? Qu'est-ce qu'il représente ? Pourquoi Walt Disney l'a-t-il fait bâtir au sein de son parc en 1955 ?" Et c'est donc parti pour une aventure inédite, envolée, touchante, qui prête à réflexion et qui en met plein la vue tout en démystifiant malicieusement les codes instaurés par l'industrie Disney depuis sa création.

Car au-delà de cette histoire fabuleuse où une ado rebelle (la découverte Britt Robertson, à suivre de très près), transposée dans un monde parallèle futuriste, doit s'associer à un vieil inventeur bougon (George Clooney) qui a perdu foi en ses ambitions après être lui-même passé de l'autre côté étant enfant, c'est bel et bien sur la poursuite des rêves et de l'imaginaire que le réalisateur va insister, ces rêves désenchantés noyés entre les consoles de jeu et les applications omniprésentes, les formatages sociétaux et les brisures intempestives que fomentent l'existence.

Autour d'une mise en scène tout simplement hallucinante, fourmillant d'idées dingues et de séquences imaginatives, Tomorrowland est une surprise inattendue, un long-métrage unique en son genre, bien entendu boudé car n'appartenant pas à une franchise rassurante mais qui a ce mérite inconditionnel de divertir, d'émerveiller, de ramener le spectateur à ses fantasmes de gosses et ce, d'une manière intelligente et intelligible. Un blockbuster d'une richesse et d'une générosité sans pareils, alimenté par un message aussi subversif que touchant, aussi époustouflant qu'instructif , aussi encourageant que merveilleux.