Bouffée d'air frais dans le line-up étouffant des studios Disney, Tomorrowland, récit initiatique aussi revigorant qu'impertinent, s'impose comme une aventure de la conscience, celle d'un monde abattu tout comme celle d'un système hollywoodien incohérent. Brad Bird, nouveau maître du contrôle des espaces quand il s'agit de faire se fondre deux dimensions ou de nous faire découvrir la ville de Demain, se remonte les manches pour nous livrer du rêve, jouant avec brio sur tous les niveaux de profondeur de son univers à la direction artistique prodigieuse, éloge au steampunk. De l'ouverture au cœur de Disneyland aux confins du post-apocalyptique, le film assume concrètement la transposition d'une simple attraction pour ensuite virer de bord et transpirer la liberté, taclant la maison-mère et les références, brisant les attentes, un combat invoqué entre les deux loups de l'espoir et du cynisme qui s'incruste dans la psychologie des protagonistes comme dans la forme et le récit. Peut-être dû aux excessivités de Britt Robertson, la figure centrale finit par passer outre face au personnage de Frank, drôle, touchant et porteur d'une mélancolie inattendue. Grand spectacle jouissif et inventif, candide et exigeant, Tomorrowland délivre en bout de course une idée qui pourrait faire grogner les plus drastiques, mais dont l'optimisme subversif touchera le cœur des plus intrépides toutes générations confondues... Et vu le piètre succès du film en salles, le monde ne semble pas être prêt à nourrir le bon loup.
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