Après Pirates des Caraïbes, Disney se sert à nouveau d'une de ses attractions, pour le transformer en un film divertissant, malgré un scénario convenu et ce placement de produits, toujours aussi malvenu. Mais avec Brad Bird à la réalisation, un casting impeccable, de l'action, de l'humour et même une réflexion intéressante sur notre société, on redevient un enfant face à cet hommage au cinéma des années 80.
Brad Bird est un amoureux de l'univers de Walt Disney, un enfant parmi tant d'autres qui rêvait de réaliser des films d'animation pour ce studio. Son parcours est un sans faute, il fait ses armes avec des épisodes des Simpson pour la FOX, avant de réaliser son premier film Le Géant de Fer pour la Warner et c'est une réussite. Les critiques sont dithyrambiques, mais le public ne suit pas, au contraire de John Lasseter, qui l'engage pour réaliser Les Indestructibles, sous la bannière de Pixar et Disney. C'est un énorme succès, il allie encore une fois une excellence visuelle à l'humour, tout en faisant aussi preuve de talent dans l'action. Avec Ratatouille, il réitère l'exploit, tout en recevant l'oscar du meilleur film d'animation en 2007. Il excelle dans tout les genres et redonne des couleurs à la firme Disney, en mal de reconnaissance. Mais il désire passer aux films en prises réelles, un pari risqué, déjà tenté par Rob Minkoff après Le Roi Lion et qui fût un désastre. Avec Mission Impossible : protocole fantôme, il se retrouve face à Tom Cruise et Paramount, un choix pas si évident, ou il risque de perdre un peu de son autonomie. Il réussit à s'imposer en douceur et redonne un coup de fouet à une franchise en perdition. Le pari est réussi et il peut se permettre de refuser l'épisode 7 de Star Wars, pour s'atteler à la création d'un nouvel univers.
Avec le scénariste Damon Lindelof, à qui l'on doit les séries Lost et The Leftovers, puis les films Cowboys & Aliens, Promotheus et Star Trek Into Darkness qui ne sont pas vraiment des réussites, Brad Bird retrouve la firme Disney. Il revient à ses thèmes de prédilection : l'enfance et le futur. La BA annonçait un film simpliste, pour un jeune public. Il n'en est rien, il va en faire un divertissement pour tout public, en mêlant l'action, l'humour et la magie du cinéma.
Une magie qui s'installe dès le début, avec un Frank Walker(George Clooney) pessimiste, déclamant un discours maintes fois rabâché. Mais c'est là que le film, fait la différence, avec ce décalage en coupant celui-ci, par une voix optimiste, venant d'un ordinateur ou d'un autre personnage, on ne le sait pas encore. L'humour prend place et on tombe sous le charme de Frank Walker jeune (Thomas Robinson) un inventeur précoce à la bouille imparable, lors d'un premier flash-back. Face à ces personnages, à la beauté des décors et les effets spéciaux, on redevient un enfant pendant près de deux heures, porté par un optimisme bienvenu. C'est la grande réussite de l'histoire, en nous faisant adhérer à cet univers grandiose, sans tomber dans la mièvrerie. Bien sur, cela reste un divertissement, nous sommes dans un film Disney et il nous le rappelle en casant des figurines de Star Wars, dont elle a fait l'acquisition, en nous préparant au septième épisode à venir. Mais elle a sa place, au milieu des autres tout droit sortis de La Planète des Singes oû La Planète interdite, des références cinématographiques dans la science-fiction. Brad Bird ne se contente pas de montrer ses influences et culture, il les pillent aussi, en revenant au cinéma des années 80, voir 90. On peut trouver une similarité entre le duo George Clooney et Britt Robertson, avec celui de Retour vers le futur. Le vieil inventeur et la jeune femme, qui ne comprend pas ce qui lui arrive, en se retrouvant embarquer dans une aventure, qui la dépasse, avant d'en devenir l'héroïne. Comme avec Terminator 2 et ses gentils, comme méchants androïdes. On pourrait continuer comme cela longuement, tant le film est ultra référencé et donc stimulant, pour tout fan des films de science-fiction, comme du cinéma des années 80. Cela rend l'ensemble, encore plus jouissif et on s'amuse, devant les clins d’œil où similitudes. Puis Brad Bird répond à la question posait par Philip K. Dick : Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? Un moment émouvant, dans un monde futuriste et froid.
En ratissant un large public, Brad Bird se permet aussi de les mettre en opposition. Il montre l'optimisme des enfants et adolescents, face au pessimisme des adultes, ayant baissé les bras et laissant le monde périr. Quand Britt Robertson tente de parler du pin's, son père lui demande si elle se drogue. Alors que son petit frère, demande de venir avec elle. Le premier a arrêté de rêver, après avoir affronter les drames de la vie, dont l'absence de la mère, comme souvent dans les productions Disney. Le second dort encore avec son doudou et son statut d'enfant, le préserve encore des horreurs de ce monde.
La peur régit le monde, les politiques, comme les médias en font leurs commerces. On l'aperçoit dans les journaux, aux infos et les productions cinématographiques. Brad Bird le démontre, à travers des plans, sur des affiches, ou George Clooney perdu devant plusieurs téléviseurs, montrant, mais n'expliquant pas, ni ne donnant de solutions aux problèmes actuels et futurs. Un monde ou les gens restent les bras croisés en le regardant s'effondrer, tout en posant cette question : comment l'obésité peut-elle exister, sur une terre ou d'autres sont affamés ? C'est étonnant de trouver ce genre de réflexion dans un divertissement grand public, mais cela fait aussi sa force, ne pas prendre le spectateur pour un consommateur décérébré. Il enfonce le clou, en assénant que le monde serait mieux, sans toutes ces machines administratives, qui parasitent la société. Il fait aussi dans le discours nostalgique, avec le fameux "c'était mieux avant", auquel j'adhère entièrement. Son monde est pour les rêveurs, comme les scientifiques, les artistes, etc...en enlevant les politiques et autres perturbateurs, qui nuisent à l'évolution de notre monde, pensant surtout au pouvoir et à l'argent, avant le bien-être des gens.
Ce savant mélange d'action et de réflexion, comme d'humour et de science-fiction, fonctionne à merveille, par la grâce de la réalisation de Brad Bird, mais aussi par son excellent casting. La révélation Britt Robertson est prometteuse, elle marche sur les traces de Jennifer Lawrence, Brie Larson où Shaleine Woodley. Comme Raffey Cassidy, un talent venu de Grande-Bretagne, qui du haut de ses 13 ans, tient la dragée haute à un impeccable George Clooney. Mais c'est aussi la rencontre entre le Dr Ross (Urgences) et le Dr House, avec la présence d'Hugh Laurie, un duel savoureux, même s'il est un brin caricatural. On assiste à un choc générationnel, où les "jeunes" semblent avoir pris le pouvoir, alors qu'ils ont besoin des "vieux" pour évoluer. C'est dans l'acception de chacun, que ce monde pourra de nouveau avancer, au lieu de régresser. Comme le Yin et le Yang, Starsky et Hutch, où les frites et la mayonnaise, les jeunes ont besoin des vieux et vice-versa.
Brad Bird continue de confirmer tout son talent et d'offrir des divertissements ambitieux. On s'amuse et on réfléchit devant et après la séance, il a réussit à faire passer le message, surtout aux générations futures, bien présentes dans les salles et qui sont le monde de demain.