Je n'avais vu qu'un film de Taika Waititi, Boy, que j'avais vraiment bien aimé, pour son histoire simple mais touchante, ses personnes parfois clichées mais bien pensés et interprétés, des enfants assez seuls, des adultes plutôt perdus et/ou "enfantins", et surtout des touches d'originalités, de petits détails inattendus qui finalement, change tout, et rendent ce film particulièrement intéressant.
On retrouve ces mêmes ingrédients et ces thèmes dans Hunt for the Wilderpeople, qui est, apparemment, une adaptation d'un livre (que je n'ai pas lu, donc) :
Un adolescent difficile "abandonné" est placé dans une énième famille d'accueil, la "tante" est d'une gentillesse sans limites, "l'oncle", Hector, semble avoir plus de mal à accepter et à apprécier ce nouveau venu. Après un début d'adaptation assez compliqué, il se fait à cette nouvelle famille... Jusqu'au moment où survient un tragique accident, qui devrait le renvoyer vers les services sociaux. (Je précise un peu parce que le résumé sc est plutôt faible et peu précis).
Sur papier, ni l'histoire, ni les personnages ne semblent très originaux : un enfant livré à lui-même (comme c'était le cas de Boy), une dame très gentille, un vieux bougon, des services sociaux, des policiers et des chasseurs méchants et sans cervelle, les paysages néo-zélandais magnifiques. On comprend dès le début que la relation entre Hector et Ricki ne pourra aller qu'en s'améliorant, et la confrontation entre deux personnages quelques peu opposé n'a rien de révolutionnaire. Le film ne renouvelle pas le genre, mais parvient à avoir une immense fraîcheur grâce notamment au traitement des personnages, tous touchants et attachants, et aux dialogues.
"You're basically a criminal now, but on the bright side, you're famous !"
(J'en ai d'ailleurs recopiés d'autres, et je comptais en inclure plus dans ma critique, mais ce serait sans doute gâcher un peu le plaisir de l'inattendu de les découvrir durant le visionnage, malgré les balises spoliers.) Les Haïkus, Tupac le chien, la "poupée" brûlée pour simuler un suicide, le père accro aux selfies ... des tas de petits éléments tout au long du film font que le spectateur sourie. C'est sans doute justement cette simplicité apparente qui rend le film bon.
En ce qui concerne les "méchants", le trait est forcé, mais probablement volontaire, et d'une manière telle que ça en dévient "cartoonesque" et ça marche tout à fait (je pense notamment à la scène des voitures vers la fin, qui est, je trouve, excellente). Il faut ne pas être allergique à ce type de réalisation pour apprécier, certes. La "cheffe" services sociaux me faisant notamment penser à Madame Legourdin de Matilda, la méchanceté bête, sans aucune réflexion ou sensibilité. Il en va de même pour les chasseurs que rencontrent Hector et Ricki, crétins jusqu'au bout.
Ces éléments font que je lui ai parfois trouvé un petit côté "WesAndersonien", l'esthétisation à outrance en moins : par ces personnages haut en couleur, par l'utilisation de certaines musiques à certains moments, par quelques détails un peu "incongrus", par des dialogues très bien écrits et vraiment drôles, et (et sans doute surtout) des enfants souvent plus responsables ou réfléchis que les adultes, ou des adultes assez perdus face au monde, qui semblent être d'une certaine manière "inadaptés".
Certaines scènes sont vraiment belles et amusantes, c'est par exemple le cas d'une des meilleures scènes de danse que j'ai vues (je crois),
Lorsque Ricki danse avec une couronne de feuilles posée sur la tête sous le regard médusé de Hector.
On pourrait y voir des liens avec Captain Fantastic, sorti il y a quelques mois, car après tout, les deux films abordent certains des mêmes thèmes : la vie sauvage, la "fuite" de la réalité et de la société, l'enfance, mais ils sont très différents, à tous points de vue finalement. D'ailleurs, le film n'a pas bénéficié d'une telle diffusion (enfin, en tout cas, par ici, je ne l'ai vu à l'affiche nulle part).
Il ne s'agit probablement pas d'un film majeur, mais il est à placer dans les "feel good movies" bien fichus, malgré quelques passages un peu plus "tristes".
Pourquoi pas plus que 7 alors ? J'étais plutôt partie sur un 8, voire un 9, mais, à un moment, l'image s'assombrit et devient grise, et survient alors la chanson "The Partisan" de Léonard Cohen, très mal employée à mon sens, la comparaison des services sociaux, aussi horrible soient-ils... ne me semble vraiment pas à propos, le ton du film étant d'ailleurs plutôt léger, globalement. Ricki et Hector ont beau se cacher des policiers et autres ... ça me semble totalement déplacé. Si le but était une forme d'humour ironique ou cynique, ça n'a pas fonctionné avec moi.
Mais je vous le recommande tout de même chaudement.
Dernier point : je n'imagine vraiment pas très bien comment Taika Waititi va réaliser le prochain Thor, ça me semble assez éloigné de son style.