À la poursuite du diamant vert par Frankoix
Joan Wilder, new-yorkaise et auteur de best-sellers, voit sa vie bouleversée lorsque sa sœur aînée est enlevée par des malfaiteurs colombiens à la recherche d'une carte indiquant la cachette d'un diamant inestimable. La jeune femme se décide à partir sur les traces de sa sœur et engage un aventurier vénal, Jack Colton, pour l'aider dans ses recherches...
La séquence d'ouverture, sur une reprise du thème musical composé par Alfred Newman pour "La Conquète de l'Ouest", est excellente, mais le film, dans son ensemble, souffre de défauts très "années 80" (la musique d'Alan Silvestri a très mal vieilli) ; les rebondissements sont prévisibles ou rocambolesques (Michael Douglas escaladant à mains nues un mur de pierre vaut son pesant d'or), les "méchants" sont caricaturaux ou ridicules (le personnage incarné par Danny de Vito est particulièrement raté). Les deux héros sont néanmoins attachants et plus originaux que l'on pourrait le penser.
Robert Zemeckis nous invite à suivre les aventures d'un écrivain qui devient, malgré elle, l'une des héroïnes de ses romans sentimentaux. Joan Wilder vit une série d'événements inédits pour elle, mais intéressants et inattendus pour nous car baignés d'une touche de triste réalité : Jack Colton est l'anti-Indiana Jones (c'est un baroudeur, un homme de terrain, certes, mais vulgaire et intéressé avant tout par l'argent), tandis que Joan est maladroite et flirte régulièrement avec l'alcoolisme (les deux héros consacrent leur première soirée ensemble dans l'épave d'un avion à boire une bouteille de whisky et à se réchauffer devant des paquets de marijuana qu'ils font brûler).
Les péripéties du voyage, les dangers et la chasse au trésor ont un effet physique sur Joan : la jeune femme devient de plus en plus sexy à mesure que le film progresse (elle est véritablement transfigurée par l'aventure qu'elle est en train de vivre). Sa personnalité plutôt effacée laisse place à quelqu'un de nouveau, et la poursuite du diamant compte moins que cette métamorphose. La scène de séduction au restaurant, où Colton offre un pendentif à Joan, est très émouvante ; Kathleen Turner y est particulièrement attendrissante et attirante. Le film repose entièrement sur ses épaules ; l'actrice est fabuleuse et permet de faire passer la facilité de certaines répliques et de nombreuses situations.
La fin laisse plutôt dubitatif : Joan devient une meilleure romancière (« c'est de loin ton meilleur ouvrage », lui reconnaît son éditrice) car elle a vécu l'intrigue de son dernier livre ...comme si elle n'était pas un vrai auteur jusqu'à présent, et que la création ne découlait que de l'expérience même des choses. Une conclusion assez simpliste qui ne nous empêche pas d'éprouver un vrai plaisir de spectateur face au happy end de rigueur...