Sur un thème voisin de celui de Will Hunting, Gus Van Sant décrit encore une rencontre initiatique entre un ado noir d'un quartier difficile mais surdoué, et un vieil écrivain misanthrope qui vit en reclus. Le thème était tellement porteur que le réalisateur a voulu le poursuivre ici, d'une façon plus édifiante et moins sensible. Sa trop grande ressemblance avec Will Hunting a pénalisé ce film, c'est dommage car c'est une sorte de conte de fée plein de charme. Je dirais que c'est plus situé entre Will Hunting et le Cercle des poètes disparus, dont l'originalité tient au contraste de l'univers socio-culturel.
Le scénario est sans doute trop prévisible et formaté par une large dose hollywoodienne, car l'association d'un mentor et d'un jeune cherchant un sens à sa vie, est un sujet déjà plusieurs fois brassé, mais Van Sant parvient à glisser de la finesse dans cette intrigue attachante et à intéresser le spectateur alors qu'il n'y a ni action ni rebondissement, en tout cas c'est comme ça que je l'ai ressenti. L'interprétation est un atout, le jeune Rob Brown tenant bien son rôle face au charme inaltérable du grand Sean, tout ça vaut bien quelques clichés ; sans oublier Frank Murray Abraham (qui retrouvait Sean 14 ans après le Nom de la rose), et la scène où Forrester va dans le collège de Jamal, m'a rappelé la scène finale du Temps d'un week end où Pacino défendait son jeune protégé face à une assistance médusée. Une belle réflexion sur la transmission et l'amour de la littérature.