Cela partait pourtant bien...
On ne le sait que trop depuis quelques temps au cinéma, les belles histoires ne font pas forcément de bons films. Pourtant sur les toutes premières séquences, la matière y est, jamais reconstitution des camps de la mort n’avait été abordée de manière aussi sobre et réaliste. On ne peut donc qu’être interpelé par un tel début et l’on imagine déjà non sans une certaine satisfaction une suite d’un même acabit. Emotion forte. Ce sera la seule. Non pas que les retrouvailles de ces trois amies « rescapées » soit sans intérêt bien au contraire, mais ce qui pose problème c’est cette volonté indéfectible de Jean-Jacques Zilbermann de vouloir être au plus proche de la reconstitution historique, à un point tel, qu’elle en vient à prendre le dessus sur tout le film. En effet, le film nous projette dans une espèce de catalogue des années 50 et surtout des années 60 que chaque plan vient mettre en valeur au détriment même des personnages et du récit parfois… Il est certain que l’équipe de la direction artistique (accessoiriste, chef décorateur ou costumier) a effectué un vrai travail de recherche restitué avec soin. Un autre écueil de taille, est le choix de Julie Depardieu dans le rôle d’Hélène, son tempérament lunaire colle mal au personnage et elle rame beaucoup pour rester au niveau de Johanna Ter Steene et de Suzanne Clément. Toutes deux parfaites. Cela provoque immanquablement un détachement pour ce qui se passe à l’écran (l’œil constamment sollicité par des détails en toile de fond), et l’intérêt s’estompe tout comme l’émotion. Il faudra attendre le générique de fin, pour que la conscience se réveille… regrettant que cette histoire véridique n’ait pas eu le traitement qu’elle méritait, avec moins d’opulence, une mise en scène inspirée et plus subtile. Qui trop embrasse, mal étreint… « A la vie » a des allures de sous marque d’un film de Diane Kurys.