8 pour la première 1/2h, 3 pour la seconde
60 minutes est un format assez idéal pour ce genre de productions dont le scénario est suffisamment secondaire pour ne pas nécessiter de longs développements et qui risque facilement de s'essouffler sur la durée.
A Louer est la preuve que même en une heure, on peut perdre tout son souffle et transformer un film d'angoisse rondement introduit en un vieux slasher pourri de clichés, agaçant au possible, qui ne recule devant aucune facilité.
La mise en place est pourtant exemplaire d'efficacité, avec un couple de personnages attachants présentés en une poignée de répliques, un cadre angoissant au possible (de l'arrivée dans le quartier abandonné à la découverte de l'immeuble insalubre), une mise en scène maîtrisée (même ces tremblements de caméra un peu abusés remplissent bien leur rôle) et une direction photo qui insiste avec brio sur l'environnement glauque et malsain du huis-clos.
Un film d'horreur peut se planter de pas mal de façon, mais j'estime que les deux principales sont les suivantes : en perdant sa crédibilité et sa capacité d'immersion, ou quand le spectateur se désintéresse du sort des personnages et cesse de frémir pour leur vie.
"A Louer" se casse la gueule sur les deux tableaux quand les personnages commencent à se battre pour leur survie. J'ai rarement vu des protagonistes aussi stupides et empotés, c'est lamentable. A certains moment, on se prend à les encourager, à se dire qu'ils vont enfin servir à quelque chose mais ils sont tellement abrutis et inefficaces qu'ils enchaînent les mauvais choix avec une maladresse trop maladive pour être crédible ; et quand on essaye d'y croire, c'est pire, car ils sont si consternants qu'on perd vite toute empathie, ce qui ampute le film d'une énorme partie de son potentiel dramatique.
Au risque de m'acharner, je me dois aussi de parler de la musique : Des petits hululements de fantômes dans un film d'horreur, je n'en avais pas entendu depuis Ghostbusters qui se moquait déjà gentiment des vieux ghost-movies façon 70ies. C'est pas un bon plan d'exploiter cette vieille ficelle périmée en 2006, mais alors vraiment pas.
J'ai arrondi mon calcul à l'inférieur pour sanctionner le gâchis.
[SPOILER]
Top 3 Réactions de boulets :
- 1- "Elle est morte, GG !" s'exclament les personnages en bas de l'escalier, après avoir quitté la cuisine en courant éperdument parce que la tueuse était en train de se relever. Entre temps, le mec a monté la garde dans l'escalier et savait parfaitement qu'il était poursuivi.
Ah oui, j'oubliais le plus beau, c'est à ce moment qu'ils se séparent, sans AUCUNE raison.
- 2- "Vite, je vais libérer ce tueur psychopathe enchaîné pour qu'il puisse m'assassiner !" Le mec arrive dans un couloir et voit un homme enchaîné. Ok, il croit que c'est une victime à sauver mais l'homme est debout, raide comme un piquet dans une attitude creepy au possible, et totalement silencieux.
- 3- "Oula, la clef est tombée sous ce meuble, je vais me rouler par terre pour la récupérer sans jamais surveiller mes arrières". Le pire, c'est qu'ils font durer le plaisir, à tel point que j'ai cru à une ruse, du genre 'Hey mais en fait il s'est rien passé', mais non : il se fait assommer comme un gros con. Bien fait.
Top 3 Inefficacité totale :
- 1- "Je vais t'estourbir avec une barre de fer." se dit le héros en arrivant dans le dos de la méchante pour lui fracasser le crâne. Mais il prend tellement son temps qu'après de longues secondes à se demander s'il va frapper à gauche ou à droite, il se prend un coup de poêle à frire amplement mérité.
- 2- "Oh mon dieu, on me traîne dans l'escalier" se lamente l'héroïne en se débattant faiblement sans jamais essayer de s'accrocher quelque part ou de frapper son agresseur. Ok, c'est une femme fragile mais faut pas déconner, elle lutte contre une vioque à moitié grabataire.
- 3- "Non, pas le bâton !" Si vous êtes à l'abri derrière une grille et qu'une vieille bique vous menace en passant un bâton à travers, vous essayez de le lui arracher des mains ? Non, mieux vaut se recroqueviller en hurlant et tenter timidement d'empoigner le bazar, mais alors, du bout des doigts.
Et il y en a tellement, en 30 minutes, j'ai eu du mal à choisir.
[/SPOILER]