Les thrillers coréens, excellents à leurs débuts, s’essoufflent pour certains, noyés dans la masse de production, la romance n’échappe pas à la règle.
Alors même que les scénarios, la mise en scène et les acteurs tablent sur la sobriété et sur l’émotion souvent bien présentes, et confèrent à leurs histoires l’intemporalité des grandes histoires d’amour : ("A man and a woman" (2016) de Lee Yoon ki, "Obsessed" (2014) de Kim Dae woo, "Pained" (2011) de Kwak Kyung-taek ou encore "Once in a Summer" (2006) de Jo Geun-Sik, les quelques expériences sont souvent gâchées par le final sombrant dans le pathos et la tendance à appuyer le drame.
D’une romance on s’attend à des sentiments forts, sans mièvrerie qui nous réconcilieraient avec nos propres histoires et de ces grands sentiments qui nous réconcilieraient avec le genre humain...
Adapté de la série Pure soul, A moment to remember devait également être adapté par le cinéma américain avec Catherine Heigl, et mis en scène par Ben Lewin, en 2013 puis 2014 et finalement sortirait en 2017…(A voir ? Peut-être pas si l’on se souvient de Old boy de Park chan wok avec Chok Min sik… et son adaptation par Spike Lee avec Josh Brolin)…/...
La corée aime donc les dramas populaires. Ce film a eu le succès attendu et classé au box office.
Jong WooSung «Le Bon, la Brute et le Cinglé» est ici à ses débuts mais démontre déjà un talent pour nous brosser ce jeune homme mutique, en quête de reconnaissance, esseulé et traumatisé qui rencontrera une douce et délicate jeune femme, atteinte de la maladie d’Alzheimer à un jeune âge. Son YeJin est peut-être la faiblesse du film, reprenant cette grande douceur de jeu qui peut à terme agacer mais retranscrit parfaitement se sentiment de perdition face à la maladie et à l’inéluctable.
Tout peut sembler un peu sirupeux et on peut trouver que la caractérisation des amoureux soient trop légère pour nous prendre réeellement dans le tourbillon de leur difficultés et de l’évolution de leur rapports. Quelques facilités scénaristiques plombent le drame à défaut de le servir, juxtaposant les relations familiales prégnantes en Corée et la place de la femme, ou apportant quelques touches plus légères de décalage : un médecin un peu loufoque, un vieillard mystérieux, une mère de famille tendance mafieuse et hystérique...
Mais finalement le cinéaste propose une mise en scène en retenue, axant sa première partie dans la joie pour nous dirger lentement vers l’enfer de la perte de repères quels qu’ils soient. Dotée d’une belle photo, de belles envolées poétiques, d'un montage dynamique jouant sur la temporalité, et d'une caméra pour nous les projeter hors du temps. La grande force est de saisir par quelques regards et gestes toute la puissance de leur lien, notamment dans la perception et la volonté de l’homme face à l’adversité. A quel moment décide t-on ou pas de considérer son amante comme déjà morte ? Il sera le seul en retrait, refusant l’optimisme, ne croyant pas au destin heureux mais sera le pilier de leur mémoire. Ou encore cette lettre d’amour en voix off, tirera les larmes aux plus démunis...Et le drame se révèle alors assez poignant. Cela permet de supporter quelques longueurs et de nous amener doucement au fond du sujet. Il réussi à nous intéresser à cette histoire banale d’un amour avorté sans dédramatiser la situation. Finalement tout sera question de compassion, de grande tristesse et de tendresse. On ne peut que saluer son travail sur un sujet délicat. La perte de mémoire et l’oubli de ceux que l’on aime, reste pour tous une expérience que l’on ne souhaiterait pas vivre, nous rappelant au moment fort de l'introduction et de sa phrase : on dit que quand la mémoire s’éteint, l’âme la suit
Le réalisateur offre un très beau final pour une grande et magnifique tragédie de deux amoureux qui défient le temps et la société. Une grande envolée optimiste et d’un romantisme exacerbé.