Tout ça pour un penalty !
Peu familier du cinéma de Jean-Pierre Mocky, c'est sans attente ni apriori que je me suis posé devant "A mort l'arbitre !", adaptation du roman d'Alfred Draper devenu culte au fil des ans après un succès timide à sa sortie en salles il y a maintenant trente ans.
En osmose parfaite avec son époque, Mocky rue dans les brancards, s'attaque au fanatisme qui gangrène certaines sphères du football, dénonce l'importance excessive que peut avoir un sport sur la population, un simple désaccord pouvant mener au drame le plus effroyable.
Les intentions de Mocky sont louables, d'autant que le cinéaste n'épargne ni la société, ni les institutions et encore moins les bourgeois, dépeignant une lutte des classes sous couvert de thriller basculant carrément dans le survival dans sa seconde partie, lynchage populo mené par un Michel Serrault en roue libre et sacrément flippant.
Malheureusement, en plus de peiner à instaurer une véritable rigueur à un film ayant fichtrement mal vieilli, Mocky force le trait à outrance, tombe sans cesse dans la caricature, transformant ses protagonistes en pantins soit désarticulés (voir le peu de motivation d'un Eddy Mitchell passant sont temps à smacker Carole Laure alors qu'il a une poignée de supporters au cul), soit en porcs grossiers et abjects frôlant le cartoon.
Un point de départ séduisant et corrosif mais qui, par la faute d'un manque flagrant de nuance, voit son sujet passionnant complètement atténué, même pas rattrapé par une facture technique pour le moins bancale.