Vendu comme un futur film oscarisé, A Most Violent Year relate l'histoire d'Abel Morales, un homme ayant fait fortune dans le fioul. Aidé de sa femme, il va tenter de développer son entreprise au maximum mais va se heurter à la vague de violence de l'année 1981, l'année avec le plus haut taux de criminalité en Amérique. Dès lors, il verra ses camions se faire braquer, avec plus ou moins de violence, et sa famille se faire menacer: là est l'intrigue du film: Abel Morales doit surmonter les obstacle de cette "année la plus violente" et aller de l'avant.
Ce qui frappe, dès le début du film, c'est cet espèce de filtre sépia qui colle à la caméra, et qui rendra la photographie du film terne et obscure, approfondissant les jaunes et les gris, bloquant l'éclat de la neige et des rares éléments lumineux, voire chauds, des plans. Cette photographie, parlons-en: non sans rappeler le quatrième Alien, de Jean-Pierre Jeunet, ou le Enemy de Denis Villeneuve, elle apporte une authenticité, une identité au film qui, qui plus est, s'offre une reconstitution historique exceptionnelle, autant par les décors que par les habits. La réalisation, d'ailleurs, de ce film, est tout à fait remarquable, que ce soit par les plans qu'elle nous montre ou la façon dont la tension du film est gérée (notamment pour les éléments "surprise", je dirais).
Ajoutons à cela le jeu brillant d'Oscar Isaac dans le rôle de Morales et de Jessica Chastain dans le rôle de sa femme. Assez brillant pour aller aux Oscars ? Loin de moi l'idée de faire un jeu de mot déplaisant, mais le film, ou plutôt ses acteurs, y sont nominés. Le méritent-ils ? Oui, et non. Oui, car leurs personnages sont tellement profonds, travaillés et maîtrisés qu'ils illuminent le film à eux seuls. Non, car il ne faut pas oublier qu'en face il y aura McConaughey pour Interstellar ou Jake Gyllenhaal pour Nightcrawler, et Rosamund Pike pour Gone Girl, pour ne citer qu'eux.
Le reste du casting est impeccable lui aussi; mais le vrai point fort de ce film, c'est ce qu'il parvient à instaurer à son final: une sorte de cercle vicieux, traversant des questions comme celle du rêve américain, de l'ambition, du pouvoir, ou de la corruption. A Most Violent Year apparaît aussi, avec un peu de recul, comme un film de gangster sans gangster: qui sont les méchants, dans l'histoire ? On ne le sait pas vraiment, en définitive. Finalement, les seuls défauts que l'on pourra vraiment trouver au film, ce sera cette lenteur de l'histoire qui met bien trop de temps à s'installer, et ce manque de nervosité peut-être, qui m'a fait bâiller plusieurs fois. A Most Violent Year reste un très bon film, que je vous conseille vivement d'aller voir.