A Most Violent Year par Charles Dubois
James Gray, Scorsese, ... nombreuses ont été les comparaisons pour juger le film de J.C. Chandor.
Rarement film aura eu bande annonce si trépidante. Ce qui s'annonçait comme le film de "gangsters" de ces dernières années, et qui semblait conclure l'année 2014 en beauté est une déception.
Certes le film s'impose et en puissance dés les premières minutes. Grâce à une ouverture en parallèle sur fond de Marvin Gaye et un titre très réussi, le film démarre à merveille. Plongé dans des décors industriels du New York enneigé des années 80, magnifiés par la caméra du réalisateur, on suit Oscar Isaac, excellent en immigré qui découvre avec naïveté le monde cruel des affaires, dans ses pérégrinations, entre boulot et famille.
La photographie est froide, sombre, impeccable, et les plans, notamment les travellings, sont minutieusement maîtrisés, à l'image du film. Mais c'est si propre, si parfait que le film en devient déstabilisant, pour ne pas dire chiant. Avec un art du silence, des longues scènes sans paroles utiles, des dialogues répétitifs qui tournent vite autour du pot, J.C. Chandor nous livre un film très lent qui se consacre à une autopsie plus ou moins fine du monde des affaires, qui n'a pitié de rien, et absolument pas une histoire de gangster. Même si cette lenteur et ce silence portent leurs fruits dans les scènes d'angoisse (où la pression est extrêmement réussie), il plonge son film dans un cycle soporifique. A un tel point que les quelques scènes d'actions sont longues, ennuyeuse et absolument pas rythmées. Des scènes d'actions véritablement rares, bien loin de l'énergie d'un Scorsese où d'un film de gangster en général.
Même si les personnages sont atypiques (Jessica Chastain brillante en femme puissante), leur psychologie est très grossière et irrégulière ; à l'image du couple qui ne cesse de s'aimer puis de se désaimer, boomerang lassant.
La dernière partie sombre dans l'ennui profond tant les scènes se répètent, l'once de rythme qui était arrivée à se former s'écroulant littéralement.
Enfin une scène finale qui présente une situation grotesque ne reste qu'un prétexte à une prise de position définitive : le boulot avant toute chose.
Et de nous laisser sur notre faim/fin.
J.C. Chandor, bien loin de réaliser un grand film, nous livre une analyse minutieuse mais terriblement soporifique d'une ère du business à ses débuts. Clins d’œils politiques et économiques en prime.
Une bonne grosse déception.