En regardant A Night in Nude, on a un peu l'impression de voir un personnage de Paul Auster égaré dans un film noir nippon. Le détective, solitaire, comme dans tout film noir, succombe à la beauté de la femme fatale. Sauf que celle-ci est accompagnée de deux autres femmes fatales, sa mère et sa sœur, ce qui complique un peu les choses, et que la mafia est remplacée par les yakuzas, ce qui facilite un peu les choses. Rapport au port d'arme.
Le détective, solitaire, comme dans bien des Paul Auster, remonte les indices en se sachant manipulé, mais en ne pouvant rien faire d'autre que de rester spectateur de sa descente progressive aux enfers. Le titre porte finalement bien son nom avec ce "salvation" évoquant la catabase, littéralement représentée dans la dernière heure du film.
Le détective, solitaire, comme dans bien des films nippons, persévère, persévère, dans l'entêtement et le pathétique, ne perdant pas une occasion pour s'excuser ou se soumettre, quitte à lécher les pieds de la demoiselle qui l'a engagé (et c'est là le côté rose du film...).
L'histoire est noire, déprimante et pas très marrante, mais pas dépourvue d'espoir sur la fin. Ouf.
La photographie est de qualité, malgré le grain rétro des scènes extérieures, et la mise en scène est assez étrange, entre certains mouvements de caméra un brin expérimentaux et certaines scènes de rue ou de foule filmées de loin ou en caméra discrète, comme à l'époque des French Connection : le film aurait pu avoir été tourné dans les années 70 voire 80.
Les décors sont bien filmés, et originaux (le repaire du détective, le strip club des trois femmes, et surtout le décor final incroyable).
Le tout est néanmoins un peu long. 2h24, alors que l'histoire aurait sans doute pu être bouclée en 1h25. Mais quand il y a des émotions et des traumatismes en jeu, un bon film japonais se doit d'insister, de surligner, et d'insister encore. Ainsi un monologue de 10 minutes en voix off vers la fin, qui ne fait que répéter des lignes de dialogues de scènes qui ont eu lieu 1 heure avant. Heureusement que pendant tout ce temps, l'actrice est nue et qu'elle se donne de gentils coups de fouet, ça tient éveillé.
Ah ces Japonais...