C’est la quatrième adaptation du roman « Le dîner » (« Het diner » (2009) du Néerlandais Herman KOCH (1953- ) après celles du Néerlandais Menno Meyjes en 2013, de l’Italien Ivano de Matteo en 2014 (« I nostri ragazzi ») (« Nos enfants ») et de l’Américain Oren Moverman en 2017. Sa richesse narrative et donc, scénaristique, n’est pas un hasard. C’est un film, remarquablement réalisé (caméra fluide, éclairages adaptés, négligeant aucun détail, acteurs excellents) qui démarre sur les chapeaux de roue et dont le thème, grinçant, est la famille et la justice. Deux frères, l’ainé, avocat cynique (il défend un chauffard qui a écrasé un automobiliste lui faisant remarquer sa mauvaise conduite, et qui a blessé grièvement sa fille lors de la collision volontaire avec son véhicule), veuf qui s’est remarié avec une femme plus jeune dont il a eu un bébé, et l’autre, chirurgien, qui soigne la fille de l’automobiliste décédé, et héberge leur mère qui a perdu la mémoire et peu facile à vivre. Les deux couples ont comme rituel de dîner ensemble dans un grand restaurant dont une salle a été privatisée. Le vernis des convenances craque quand ils découvrent que leurs adolescents, fille de l’avocat (qui souhaite aller à l’université de Cambridge) et fils du chirurgien (mutique, introverti et souffrant de harcèlement scolaire) ont commis l’irréparable après une soirée alcoolisée. Le film est adapté à la société coréenne (échec de l’éducation qui a créé des adolescents égoïstes et cyniques, à qui, tout est dû) tandis que le film italien avait une lecture plus marxiste de la situation, ceux, humanistes et prônant la justice, révisant leur conception dès que cela affecte leur famille. Cela évoque aussi un des sketches, « La proposition », des « Nouveaux sauvages » (2014) de Damián Szifrón, où un fils a renversé mortellement en voiture une femme enceinte et demande que son père, avocat riche, lui évite la prison.