T'as seize ans et tu crois pas à l'amour !?
Quelle entreprise! Quelle entreprise, que de se souvenir des fades niaiseries que l'on regardait, petits, le mercredi après-midi, en attendant le retour des frères et sœurs ou, tout simplement, en attendant d'avoir quoi que ce soit d'autre à faire... On se demandait si "cri-cri d'amour" allait vraiment tromper Johanna dans Hélène et les garçons et on s'interrogeait, de moins en moins toutefois, sur les sincères intentions de Lola quant aux abeilles qui lui tournaient autour..
Quelle entreprise, et, pourtant, qu'il est facile, après avoir visionné un film tel qu'À nos amours, de se dire qu'il y avait tout de même beaucoup d'autre choses à faire dans le domaine du visionnage, certes, mais également dans celui de la réalisation... Suzanne, collégienne parisienne de 16 ans, fuit la compagnie nauséabonde de sa famille pour rejoindre ses amoureux ou ses amants, on ne sait plus trop, elle a un peu tout essayé... Addicte à la tendresse, elle joue avec ses partenaires sans plus y croire le moins du monde et s'installe dans de compliquées situations, reprochant à ces dernières d'être exactement ce à quoi elle s'attendait.
Il faut dire que la Suzon n'y met vraiment pas du sien et que, en tant que spectateur, on se rend vite compte qu'on est le seul naïf à espérer, encore, qu'elle trouvera "le bon" et, avec lui, le bonheur que l'on a soi-même tant espéré, petit, en regardant, le mercredi après-midi, Hélène et les garçons à la télé...
Pialat explore l'aliénation à grande échelle : le fiancé, le père, la mère, le frère, les amies, les amants... Tout le monde y passe et chacun est confronté aux problèmes de sa misérable vie. Ceux qui s'enfuient sont ceux qui s'en rendent compte : le père, et Suzanne. C'est peut-être eux, d'ailleurs, les moins concernés : ils sont pourris, bon, mais ils en sont conscients, et peuvent au moins rire de quelque chose sans se mettre le doigt dans l’œil...