2010, début de l’été en Tunisie. La révolution tunisienne de 2010-2011 n’a pas encore eu lieu, Ben Ali est au pouvoir depuis 23 ans. A 18 ans, Farah est une élève brillante qui vient d’obtenir son bac avec la mention très bien. Son milieu : la bourgeoise tunisienne. Alors que Hayet, sa mère, souhaiterait la voir entamer des études de médecine, Farah, elle, souhaite faire des études de musicologie et, par ailleurs, elle chante des chansons engagées dans un groupe de rock tout en « fréquentant » Bohrène, un des membres du groupe. Les rapports avec les « agents » du pouvoir sont de plus en plus tendus et, au sein du groupe, tous n’apprécient pas le côté trop engagé de Farah.
Alors que la plupart des tunisiens, débarrassés de Ben Ali, avaient tendance à se projeter vers l’avenir en oubliant le passé, Leyla Bouzid a souhaité, pour son premier long métrage, revisiter la période qui précédait les événements de 2010-2011 : une période pendant laquelle régnaient manque de liberté, pleins pouvoirs de la police et peur du peuple tunisien conduisant le plus souvent à l’autocensure. Cela, Leyla Bouzid tenait à le filmer vite, en profitant d’un créneau de liberté qui, craignait-elle, ne serait peut-être pas éternel. Comme personnage clé de son récit, elle a choisi de mettre en scène une jeune fille de la bourgeoisie tunisienne, une jeune fille à la fois brillante et rebelle, impulsive et spontanée, partagée entre son attachement à sa famille et sesrêves d’émancipation. Une jeune fille quelque peu inconsciente qui va se confronter à des murs. Fallait-il en faire la chanteuse d’un groupe de rock ? Lorsque Leyla Bouzid explique que la culture populaire tunisienne a toujours utilisé la musique et la danse comme exutoires, on ne peut que la croire. Le problème, c’est que les oreilles des spectateurs souffrent le martyr chaque fois que Baya Medhaffar, l’actrice (bonne comédienne, par ailleurs !) qui interprète le rôle de Farah, se met à chanter : avec sa voix mal posée, la pauvre chante de façon abominable sur des musiques par ailleurs agréables. Ghalia Benali, qui interprète le rôle d’Hayet, la mère de Farah, est elle une chanteuse renommée mais … on ne l’entend pas chanter dans A Peine j’ouvre les yeux ! Quant à la musique qu’on entend dans le film, elle est l’œuvre du musicien irakien Khyam Allami et elle est interprétée par le groupeAlif Ensemble, un groupe de 5 musiciens venant du Liban, d’Egypte, de Palestine et d’Irak.