"Innamoramento" ou amour naissant : c'est sur les images d'un bonheur idyllique que s'ouvre ce film de Lafosse, réalisateur dont je n'avais encore rien vu.
Il est Marocain, elle est Belge et ils s'aiment, ne se rassasiant pas l'un de l'autre, couvés semble-t-il par le regard bienveillant du père adoptif de Mounir, le Docteur Pinget qui assure au jeune homme une vie matérielle des plus aisées.
Murielle, jeune femme pleine d'espoir et de rêves est heureuse, s'épanouissant dans cet amour comme dans sa vie d'enseignante, pleine de reconnaissance pour celui qui s'annonce être le bienfaiteur du foyer en devenir que le jeune couple s'apprête à construire.
Et c'est là que le film ne tient pas ses promesses : Niels Arestrup, inquiétant à souhait sous ses airs benoits, nous laisse entrevoir sa face cachée, sa part d'ombre, mais on aurait aimé une étude plus poussée du personnage, notamment dans ses rapports avec cette belle-fille qu'il méprise, elle et sa "marmaille" dès lors qu'elle devient cette "machine à faire des gosses", qu'elle s'étiole et s'enlise dans une routine qui la tue à petit feu.
Alors certes Emilie Dequenne s'est investie à fond dans ce personnage de femme fragile, vulnérable et anxieuse, cette mère qui redoute à chaque instant de mal faire face au regard de ces deux hommes qui la jugent et la toisent, consciente d'avoir perdu l'amour de sa vie : un Mounir dur et excédé qu'elle ne reconnaît plus.
Mais elle en fait trop et comme dans Rosetta, cette sinistrose, ces crises de larmes intempestives je n'y ai pas cru et contre toute attente elle ne m'a pas touchée.
Tahar Rahim m'avait impressionnée dans Un Prophète, je l'ai trouvé honnête sans plus, dans ce rôle un peu convenu où le beau Prince arabe se transforme en méchant mari.
Il faut toutefois reconnaître à Joachim Lafosse le bon goût d'avoir suggéré l'infanticide sans rien en montrer.
Un film qui ne m'a pas convaincue et dans lequel je ne suis pas vraiment entrée, toujours dans l'attente de quelque chose qui ne venait pas.