" Quelquefois si dures, que chaque blessure, longtemps me dure ... "

Caméra en retrait, plans séquences et ellipses mettent en lumière la lente et douloureuse métamorphose de Muriel (géniale-et le mot est faible-Emilie Dequenne) au fil de ses grossesses et surtout de sa vie avec Mounir qui, lui, se laisse peu à peu influencer par son médecin, père adoptif et sauveur jusqu'à n'être plus lui-même et rejeter sa femme, s'aveugler sur son état (comme tous, seule la mère de Mounir ouvre les yeux mais la barrière de la langue les empêche de s'aider, à l'image de cette scène à l'aéroport quand Mounir n'embrasse pas sa femme et qu'impuissante la mère se jette dans les bras de Muriel)...

C'est une plongée en avant vers le drame que filme Joachim Lafosse, un drame où les acteurs sont époustouflants de Niels Arestrup à Tahar Rahim (ex duo terrible d' "Un prophète" du tout aussi torturé Jacques Audiard).

Ce film retourne, bouleverse et angoisse, surtout dans le dernier quart d'heure quand se joue le drame. Il doit beaucoup à des scènes poignantes et efficaces comme celle où Emilie Dequenne nous livre de magnfiques et tranchantes larmes sur "Femmes, je vous aime".

Mais la question qui se pose c'est l'intérêt, presque malsain, de mettre en image un fait divers, de vouloir livrer l'inexplicable ...

Ici, heureusement, on ne cherche pas à expliquer, le drame se noue comme malgré lui et Muriel se retrouve seule face à sa folie, emmurée dans sa détresse comme déformée par l'enfantement, par la vie tout simplement. Chaque scène, chaque séquence se délitent lentement et se livrent comme les pages d'une histoire déjà écrite où le drame est inscrit dès la première scène.

Car, oui, on ne sort pas indemme de ce film mais on n'en sort pas non plus de la vie. Celle que le cinéma a toujours voulu transposer, sans forcément pouvoir l'expliquer, sans le chercher. C'est un cinéma qui dit l'impuissance des êtres, leur déchéance tout en restant pudique (la scène de la fin est une belle leçon de cinéma à mes yeux).

Un bilan mitigée donc, l'art puise certes dans la vie mais doit, à mon sens, la transformer pour ne pas se laisser dépassé par la réalité mais aussi l'impression d'un grand film par l'angoisse qu'il a su créer et surtout par la force de ses interprètes et de scènes qui restent de beaux moments de cinéma ...

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le 13 sept. 2012

Modifiée

le 13 sept. 2012

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eloch

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