Pour son premier long-métrage, Malou Reymann a choisi de raconter l'événement le plus important de son enfance, à savoir le changement de sexe de son père, alors qu'elle avait 11 ans. Le film se place à la hauteur de la fillette qu'elle était, avec ses difficultés à accepter un tel bouleversement, alors qu'elle avait elle-même du mal à se confronter avec sa propre féminité. Sincère et honnête, A Perfect Family l'est absolument, naîf, aussi, peut-être, dans un traitement qui privilégie l'émotion et l'humour. "Elle sera toujours notre papa", la phrase prononcée par la fille aînée de la famille est une affirmation qui peut sonner étrangement mais qui résume joliment le fond de cette histoire très personnelle, qui prône la tolérance, et où la réalisatrice s'abstient de tout jugement et élude presque les réactions des tiers que l'on devine cependant facilement par quelques réflexions saisies à la volée (les copains de la fillette). A Perfect Family fonctionne par la qualité de l'interprétation plus que par une réalisation assez terne dans un récit qui alterne moments légers et tendus avec une certaine maîtrise. En revanche, l'adjonction de scènes tirées de films amateurs, s'insérant comme des flashbacks du temps de la "normalité" heureuse de la prime enfance, ne servent guère la narration et l'affaiblissent même. 20 ans après la période la plus troublante (traumatisante ?) de son existence, Malou Reymann montre en tous cas qu'elle a a la sérénité et la maturité nécessaires pour l'évoquer sans pathos, avec une sensibilité et un recul certains.