Je me rappelais avoir beaucoup aimé ce film quand j'étais enfant et, il faut croire que je ne me rappelais pas bien de ce film... Je l'ai revu très récemment et mon souvenir n'était pas vraiment fiable.
Le synopsis est fidèle à ce que je me souvenais du film.
Henry Turner, avocat célèbre et sans scrupule, enchaîne les succès. Chez lui, l'ambiance est plutôt morne avec sa femme et sa fille. Un soir, alors qu'il sort s'acheter des cigarettes, il arrive au bureau de tabac pendant une attaque à main armée. Il reçoit une balle dans le thorax et une balle dans le front. Le brillant avocat se réveille alors à l'hôpital, totalement amoindri, paralysé et atteint d'amnésie rétrograde…
Il va alors devoir tout réapprendre, à commencer par ses relations familiales ce qui va changer la vie de tous ses proches.
Le film souffle le chaud et le froid chez moi aujourd'hui. Certains moments sont clairement excellents, d'autres sont clairement mauvais pour autant, il y a dans ces personnages quelque chose de profondément humain.
Ce film peut, schématiquement être découpé en trois parties. La présentation des personnages qui nous fait découvrir un homme odieux au final (mauvais père, mauvais mari) qui s'achève sur son agression. La reconquête des facultés d'Henry qui nous présente un homme qui doit tout réapprendre (marcher, parler, lire) et qui s'achève par son retour chez lui. Enfin, la reconquête de sa vie qui nous présente un homme profondément différent.
La première partie du film n'est pas celle qui est la plus marquante. Harrisson Ford n'est pas particulièrement brillant, un acteur standard aurait fait la même impression. A la fin de cette partie du film, j'ai regretté presque que le personnage ait survécu... J'en arrive à la conclusion que cette introduction était superflue et que cette introduction aurait dû être bien plus rapide. Si j'étais intervenu sur le scénario, voici comment j'aurais fait commencer le film :
Henry se rend compte qu'il n'a plus de cigarettes, dit à sa femme qu'il va en acheter, l'embrasse avant de s'en aller... Puis on arrive à la scène de l'agression.
La deuxième partie du film est assez bonne. Le duo formé par Bill Nunn et Harrisson Ford est très bon. Ce qui est bien, c'est qu'on se rend compte des performances d'acteurs d'Harrisson Ford, ce qui est moins bien, c'est que l'on ne se rend pas compte de la longueur de la rééducation. Si la séquence d'introduction avait été plus courte, la séquence de rééducation aurait pu être plus étoffée. Dans cette séquence, j'ai beaucoup aimé l'interprétation d'Annette Bening. Elle est parvenue à retranscrire les sentiments contradictoires de cette femme face à son mari, un homme qu'elle aime, un homme avec qui elle n'est plus heureuse (on l'apprendra par la suite), un homme qui ne se souvient plus d'elle ni de la famille qu'ils forment, un homme profondément affaibli. J'ai aimé l'interprétation qu'Annette Bening a offert à l'Amour. En revanche, le personnage de Rachel est mal construit. C'est une jeune fille au crépuscule de son enfance avec qui son père est froid et dur mais on ne sait pas ce qu'elle ressent pour lui avant qu'il se fasse tirer dessus.
La troisième séquence du film souffle le bon et le moins bon. Ce qu'il y a de bon dans cette séquence, c'est le pardon que chaque personnage accepte d'offrir aux autres. D'abord, le pardon de Rachel pour son père. Mikki Allen était poignante dans cette partie du film. Ensuite, le pardon de Sarah envers son mari (même s'il est intervenu bien plus tôt dans le film). Enfin, le pardon d'Henry envers Sarah. La thématique du pardon dans les relations humaines est une des plus difficiles. Pardonner ne signifie pas oublier, ça ne signifie pas non plus excuser, ça signifie vivre avec et passer à autre chose avec la personne que l'on pardonne. Interpréter le pardon est peut-être l'une des choses les plus dures à jouer.
Ce qui m'a le plus déçu dans ce film, c'est l'absence totale de difficulté. Henry a de la chance, il ne souffre pas de séquelles. Henry, sa femme et sa fille ont de la chance, ils n'ont pas souffert de la perte de revenus engendrés par la perte de capacités d'Henry. Dans une Amérique dans laquelle les soins sont extrêmement coûteux, passer sous silence cette thématique-là est une grave erreur.
J'ai été touché par l'ode à l'amour et au pardon qu'est ce film et c'est ce qui me fait lui mettre cinq. Mais je ne suis pas touché par le reste.