Regarder un film de Mike Nichols, c'est un peu comme jouer à pile ou face : on peut tomber sur quelque chose de génial comme quelque chose de médiocre. « A propos d'Henry » fais assurément partie de la deuxième catégorie, ce genre de drames édifiants dont les américains raffolent mais qui ne me passionnent guère. Alors OK Harrison Ford est convaincant et Annette Bening est une fois encore sensible au possible, OK on peut trouver le propos sympathique. Seulement, si quelques scènes sont effectivement touchantes, c'est surtout la mièvrerie et le manque d'audace qui sautent aux yeux. Le film s'articule d'ailleurs autour d'une seule et même chose : il était odieux, il devient adorable. Du coup tous les poncifs y passent (ou presque) : Henry redécouvre les vraies valeurs familiales, se rend compte à quel point l'amour d'une femme est plus fort que tout, le bonheur d'avoir une fille charmante, de faire le bien autour de soi... Je reconnais que l'on vit à une époque de merde où certaines qualités humaines ne sont pas de trop, mais les présenter avec aussi peu de subtilité et sans le moindre recul, cela ne peut donner un résultat satisfaisant. Du coup on regarde presque cela comme un téléfilm sur lequel on tomberait un dimanche après-midi, si ce n'est que la forme n'est il est vrai pas dégoûtante... Insuffisant toutefois, et on se met à rêver de ce que Frank Capra aurait pu faire d'un tel sujet.