Trois ans après Working girl, Mike Nichols et Harrison Ford remettent le couvert avec un sujet risqué qui est celui du handicap. Ce dernier joue un avocat qui, à la suite d'une altercation, va être gravement blessé et amnésique. La voie de la guérison est lente, difficile, mais c'est à ce prix qu'il va découvrir réellement ce qui est nécessaire.
Je trouve louable louable de filmer une histoire aussi casse-gueule, notamment de montrer Harrison Ford en position de faiblesse, mais qui pour une fois a l'air convaincu de ce qu'il joue, notamment les scènes de rééducation mobile et labiale où le travail de l'acteur se fait sentir.
On note autour de lui la présence de l'excellent second rôle Bill Nunn qui joue Bradley, son thérapeute. Celui-ci apparait comme l'opposé de ce que fut l'avocat Harrison Ford, joyeux, patient, plein de compassion, et c'est lui qui au fond délivrera la clé du film qui est que tant qu'on a la santé et l'amour de ses proches, le reste importe peu.
Mais la plus grande surprise avec ce film est qu'il est scénarisé par un certain .... J.J. Abrams ! A propos d'Henry fut son deuxième scénario (à 24 ans) et on y trouve déjà les grandes orgues de l'humanisme qui irrigue son œuvre. Il est d'ailleurs amusant de constater que celui-ci fait un cameo, en tant que livreur, et croise dans le même plan Harrison Ford... qu'il dirigera vingt-cinq ans plus tard dans une galaxie très lointaine.
Cela dit, J.J. Abrams ou non, le scénario n'échappe pas à certaines facilités, comme le rapport avec sa fille, ni à une temporalité étrange qui donne l'impression que le personnage d'Henry sort de sa rééducation peu de temps après son hospitalisation alors qu'on voit bien qu'il a sévèrement morflé.
Quint à Annette Bening, qui joue l'épouse, on la sent comme sacrifiée car si elle a aussi des choses à se reprocher sur son passé avant l'accident, ça ne porte guère à conséquences, car on peut le dire, tout finira bien.
Finalement, le plus intéressant reste le passage en rééducation d'Henry, car le parcours reste très similaire à ceux de nombreux patients, notamment le moment où il semble avoir perdu ses repères par rapport à la réalité.
Mais pour une fois qu'on voit Harrison Ford faire l'acteur, et non le héros, je ne fais pas la fine bouche.