Jean Vigo commence sa courte carrière de réalisateur avec A propos de Nice en 1930, réalisé dans le cadre des « Cités symphonies ». Il mourra quatre ans plus tard, après avoir signé Taris roi de l'eau, Zéro de conduite et finalement son unique long, L'Atalante (avec Michel Simon en vieux marin et routier de la contre-culture). Même si le temps ne lui a pas permis d'être très prolifique, Vigo a réussi à imprimer son empreinte dans la mémoire des cinéphiles, honorant l'idéal français de « l'auteur » et inspirant la Nouvelle Vague (Truffaut en fait un de ses 'pères').
Pendant vingt-trois minutes la caméra se balade dans la ville de Nice, en commençant par la prendre vue du ciel. Vigo présente le Nice des riches, celui des prolos ; le premier fier de lui, froid et sec, le second joyeux et vulgaire. Sa préférence va au second si on en croit la façon de revenir sur ses femmes heureuses et 'généreuses'. Une présence morbide discrète se ressent, sans entraver les flux à l'oeuvre. D'un point de vue de pure 'surface', c'est le plus beau film de Vigo et le plus divertissant. L'Atalante est plus concluant mais l'opus présent est déjà très riche et d'une modernité saillante.
L'orientation des prises de vue, les artifices ludiques, le montage syncopé, mais aussi le ton très libre (Vigo apprécie le surréalisme et se classe anarchiste) font son originalité. Malheureusement Vigo ne sera pas si fluide et fulgurant à l'avenir, notamment dans le cas de Zéro de conduite. La Cinémathèque royale de Belgique conserve le film et en 2001, Marc Perrone y ajoute une bande-sonore à l'accordéon, à la demande de Luce Vigo et en reprenant les compositions de Maurice Jaubert, collaborateur du cinéaste (musicien pour Nana de Renoir et les films les plus éminents de Carné).
https://zogarok.wordpress.com/2015/10/04/les-courts-moyens-de-jean-vigo/