Véritable critique ou simple trip entre junkies ?

C'est une belle troupe de têtes connues qu'on retrouve dans ce "faux" film d'animation (l'image d'abord filmée a été ensuite traité à l'aide du logiciel Rotoshop) futuriste au thème désormais surfait : la drogue.
Cependant, c'est un aspect assez innovant que Linklater défend ici en mettant l'accent sur les moeurs des junkies, principalement nourris par la paranoïa et l'illusion, et non pas sur l'addiction elle-même.
Mais le film se perd bien trop souvent dans des scènes à la Tarantino entre camés, certes bien écrites et divertissantes, mais classiques et bien souvent ralentissant l'intrigue qui aurait mérité une plus grande place au sein de l'oeuvre;
en effet, celle-ci soulève des questions sur l'anonymat et ses limites : alors que l'agent que l'on suit, Bob/Fred est censé représenter la neutralité parfaite, le "monsieur tout le monde" pour citer le film, il se retrouve à devoir se traquer soit même en continu.
Si on devait résumer ce film, on pencherait plus vers la classique critique du gouvernement et de sa puissance manipulatrice sur le quotidien de la société à travers des esprits emprisonnés dans le cercle vicieux justement créé par l'état que vers le "trip" visuel et auditif que certaines oeuvres telles que Enter the Void ou Las Vegas Parano nous avaient habitués à voir, c'est pourquoi l'animation n'était peut-être pas indispensable, d'autant plus que l'aspect chiffonné des visages amène parfois à la confusion.
Finalement, A Scanner Darkly parvient quand même à défendre une idée propre par catharsis en utilisant des hommes affaiblis comme "héros".