Natsu no mirage / 夏のミラージュ *
Un film de Kitano souvent qualifié de contemplatif à tort ou à travers, où la musique prend une place importante, où les plans fixes dans lesquels des personnages ahuris fixent la caméra sont une marque de fabrique, et qui enchaine les happenings absurdes et/ou poétiques.
Un Kitano, quoi.
Quand on découvre comme moi "A scene at the sea" bien longtemps après avoir vu la grande majorité de la filmographie de Kitano, on ne peut s'empêcher de remarquer comme l'association avec Hisaishi semble couler de source, d'autant plus lorsque l'on sait qu'il s'agit ici de leur première collaboration.
Un Kitano, quoi.
Ce qui est frappant dans le film c'est qu'en fin de compte les personnages qui prennent la parole n'ont souvent rien à dire de vraiment intéressant ou indispensable, et ceux qui se taisent n'ont rien à ajouter ; et pour cause. Il n'y a rien à entendre pour ce personnage principal et sa fiancée souffrant tous deux de surdité ; il n'y a rien à dire que les regards ou les actions n'expriment pas, rien à répondre aux gens qui s'agitent et qui parlent autour.
A la limite de l'effacement, voire de la dilution pour rester dans le champs lexical de l'eau, Shigeru, le "héros", n'est jamais vraiment montré plus que ça. Les gros plans sur son visage sont rares, et se font de plus en plus rare au fur et à mesure qu'il progresse dans son parcours. A l'inverse et par contraste, sa fiancée dont la frimousse se montre tantôt amusée, tantôt contrariée, tantôt pensive, semble prendre beaucoup de place à nos yeux. Elle constitue la seule attache -le pied à terre pour ainsi dire- de son amour qui se noie dans son rêve. Elle est ce qui est immuable sous le vent omniprésent dans le film, une constante malgré tout.
Vous l'aurez compris "A scene at the Sea" parle entre autre chose d'amour, un thème plus souvent présent qu'on le pense dans l'oeuvre de Beat Takeshi. Traitée de façon moins maniérée et maladroite et infiniment plus touchante que dans Dolls, de façon beaucoup moins fatale et violente que dans Sonatine ou Hana Bi mais tout aussi tragique, bien qu'empreint d'un peu plus d'espoir ; l'histoire d'amour de Shigeru et Takako ressemble à un souvenir d'été, presque intemporel, un passage dans la vie des gens qui les change et laisse ses empreintes. Un souvenir cher.
Un film sur l'homme et son rapport au courant de la vie, sur une histoire d'amour touchante et naïve, sur le rêve, silencieux pour souligner la vacuité des paroles face aux actes et parlant quand il s'agit de souligner l'importance de se taire. Un film à côté duquel un certain film muet à la mode en ce moment semble faire figure de grande gueule en comparaison.
Chhhhhhh....
* Mirage d'été