One Dollar Baby. Jeunesse malade des effets secondaires de sabotages économiques. P'tit Quinquin.

Résumé: rencontres avec de jeunes adolescents Européens hors Erasmus.


Ils m'apparaissent comme des dommages collatéraux de "bombardements" économiques effectués avant leur naissance. Les ex-usines locales sont filmées comme des bâtiments de Dresde en 1945.



Ils en perdent leur cerveau, parfois littéralement.
"Cette cervelle gélatineuse, qu’a-t-elle à voir avec l’idée, la religion, la philosophie, la bonté, la pitié, l’amour, la poésie, la liberté ?" — (Edgar Morin, La Méthode I, Seuil, 2008, page 1247)



Quelle idée!
Le film commence par une chimère: mi muscles, mi fumée…
Un plan sur les pieds en tennis d'une joggeuse, la camera remonte sur la sportive et révèle une coureuse qui fume en même temps.
J'avais déjà vu des coureurs pousser très vite un landau occupé (à la film d'Eisenstein)
mais je n'avais pas encore vu de fumeurs coureurs.
Puis on la voit boxer dans la salle tenue par son grand père qui rappelle le coach dans Million Dollar Baby.



Ne fréquente pas ceux qui boivent et fument. Reste loin d'eux.



La religion...La poésie:
On la voit avec son fiancée qui se résume en criant vouloir "enculer les flics et le Pape".
Elle le corrige: "Ah non pas le Pape, putain de con".

Ils écrivent ensuite à la craie sur les murs leur poésie: "ACAB" diminutif de "All Cops Are Bastards".
Elle est sans doute catholique (comme la maman d'un martyr que nous verrons prier plus tard dans une église).


Le philosophe...La Liberté:
Le grand père coach de boxe est aussi éleveur de pigeons.
Ils lui font oublier les problèmes "une petite demie heure".
Il doit sans doute faire un parallèle entre ces flocks d'oiseaux libres volant au ralenti et les jeunes désœuvrés du quartier.


La bonté, la pitié, l’amour:
Gemma aime. Sa voisine est aimée.
Gemma regarde son amant comme l'amoureux de la voisine regarde la sienne.
On en vient à regretter que les combinaisons ne se soient pas faites autrement.
Les deux couples vont aux fêtes foraines.
Gemma a la bonté de recevoir chez elle JP, sorti de prisons plusieurs fois, notamment pour "avoir poignardé une pétasse" (sic).
J'en ai pleuré quand j'ai entendu qu'il n'avait que 16 ans.
Il sera au beau couple de voisins, ce qu'a été Pierre Brasseur au beau couple dans Le Jour se lève.
Le genre de saboteur démoniaque peut-être jaloux et frustré.


La poésie a été remplacé par le conflit.
C'est comme si toute la violence économique avait été absorbée, amortie et diffusée en mini gouttelette de brume dans la région...et les enfants anges en deviennent des furies qui se battent sans cesse à coups de poings comme à la télé dans les pseudo émissions de télé réalité et faussement de médiation familiale.
(en réalité, ces émissions en apparence d'aide aux familles sont des combats de boxe et pugilats organisés par appât du gain et de l'audience; un récent scandale a d'ailleurs enfin mis fin à la diarrhée visuelle qu'était le Jeremy Kyle Show...je sais car je regardais parfois).


En bref:
Un mélange très émouvant de La Part des anges (mais où celui laissé avec des dommages n'est visible qu'au début et où on suit plutôt son agresseur),
et mélange de Fish Tank, avec une jeune fille tout aussi déterminée, mais dans la danse
et une touche de Kes, pour les oiseaux
et de P'tit Quinquin.
Quoique que le jeune papa ici ressemble plus à un très très jeune Jean Lassalle, le député chantant et berger.
Puis des touches déchirantes d'Elephant Man et Intouchables.


_« A se brûler les ailes » est jusqu'au 20/06/2020 sur https://www.arte.tv/fr/videos/082206-000-A/a-se-bruler-les-ailes/
_Sans doute un meilleur texte est sur https://www.lemonde.fr/culture/article/2020/04/22/a-se-bruler-les-ailes-sur-arte-gemma-une-vie-de-fracas-a-motherwell-en-ecosse_6037463_3246.html


Et les yeux encore mouillés, je croyais que le tout est un hommage vibrant aux mamies et mamans,
lorsque la toute dernière image m'a laissé perplexe et reniflant.
Je me demande si les réalisatrices n'indiquent pas une source possible de l'endoctrinement à la violence,
à moins que ce soit une initiation à l'autodéfense,
que de voir cette vidéo de portable (encore une...) où Gemma encourage son bébé à cogner le fauteuil...

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le 23 avr. 2020

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