A Second Chance
6.5
A Second Chance

Film de Susanne Bier (2015)

Après avoir divagué dans les tréfonds de la réalisation outre-manche, Susanne Bier revient à ses premiers amours, au sol Danois. L'auteure qui nous avait déjà charmés avec les sublimes After the Wedding et Nos Souvenirs Brûlés revient cette année avec A Second Chance, un drame familial prenant qui creuse la notion de justice à son extrême.


La principale force de la réalisation de Susanne Bier est bien sa direction d'acteur. La multiplication des plans sur les visages, les jeux de regards, les réactions sincères et viscérales de ses personnages. Chaque apparition est maitrisée, taillée pour faire ressortir toutes les émotions induites par les situations, en digne héritage du Dogme 95 dont l'auteure garde une forte inspiration. Sans jamais entrer dans des jump cuts mal coupés ou désagréables, le montage offre un rythme haletant qui nous tient en haleine et transforme chaque scène en coup de poing ou en caresse.


En positionnant deux personnages diamétralement opposés, Susanne Bier tiraille nos sentiments et remet en cause la notion de bien ou de mal. Procédé déjà très exploité à travers ses œuvres (Brothers, After the wedding) mais qu'elle maitrise magnifiquement en jouant sur un droit fondamental de la nature humaine : l'erreur. Car ici, la caméra ne juge pas. Elle se place au milieu d'événements, elle les suit, les transcende, les perce. Le spectateur n'est qu'un témoin impuissant qui contemple et qui comprend. Qui comprend les choix irraisonnés d'un homme, partagé entre sa propre tragédie et celle d'un autre, qui comprend les choix d'une autre, hantée par elle-même.


A second chance est d'une violence crue, d'une poésie romantique. Chaque personnage qui compose le film nous fait vivre son quotidien. Les acteurs sont d'une justesse remarquable, qu'il s'agisse de Nikolaj Lie Kaas et sa gueule cassée qui casse des gueules ou de Maria Bonnevie, réincarnée en une Ophélie Shakespearienne dont la folie émane de chacune de ses pupilles.


Après les difficultés d'exploitation de son dernier film Serena, Susanne Bier revient au cinéma qu'elle maitrise le mieux. Celui qui parle des mœurs, de la manière dont un incident vient fragiliser tous les murets qui composent notre existence. Une narration habile qui verrouille chaque porte sans grande surprise et nous laisse quelque peu sur notre faim, sans pour autant empêcher le film de se propulser auprès des sommets de la filmographie de l'auteure.

Evalia
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 17 janv. 2016

Critique lue 887 fois

6 j'aime

3 commentaires

Evalia

Écrit par

Critique lue 887 fois

6
3

D'autres avis sur A Second Chance

A Second Chance
Evalia
7

La croix des justes.

Après avoir divagué dans les tréfonds de la réalisation outre-manche, Susanne Bier revient à ses premiers amours, au sol Danois. L'auteure qui nous avait déjà charmés avec les sublimes After the...

le 17 janv. 2016

6 j'aime

3

A Second Chance
Gaëtan_Causeur
2

Donnez moi un flingue

Après une demi heure de film, j'ai appuyé sur pause et j'ai cherché une corde chez moi .... en vain. Du coup je me suis dirigé vers mon balcon et j'ai sauté. heureusement que j'habite au 1er étage :)

le 13 juil. 2016

5 j'aime

A Second Chance
FuckCinephiles
6

Critique de A Second Chance par FuckCinephiles

Depuis que le succès monstrueux de l'inestimable série HBO Game of Thrones ne se fait plus démentir, force est d'avouer qu'une grande partie de son casting vedette est devenu hautement attrayante aux...

le 18 déc. 2015

3 j'aime

Du même critique

Back Home
Evalia
10

Le fantôme aux cicatrices

Après Reprise et Oslo, 31. august, Joachim Trier, réalisateur norvégien nous offre son troisième long-métrage, et marque sa première exportation Outre-mer. Dans Louder than Bombs, il peint un drame...

le 4 déc. 2015

23 j'aime

Lolo
Evalia
2

Le film français en 2015 : Mode d'emploi.

Précautions à prendre · Si l'un des effets indésirables devient grave ou si vous remarquez un effet indésirable non mentionné dans cette notice, parlez-en à votre producteur. Étape 1 : Tout...

le 29 oct. 2015

22 j'aime

3

Everybody Wants Some !!
Evalia
10

Soyons désinvoltes ;

Rien de plus banal que de réaliser une comédie américaine sur la vie des jeunes d'un campus universitaire. Il suffit d'y mettre un peu de soleil, du sport, des filles et de l'alcool. Le décor est...

le 30 avr. 2016

20 j'aime

2