Je continue mon pèlerinage dans le cinéma extrême. Après notamment Grotesque, la trilogie Centipede de Tom Six, Philosophy of a knife, le premier Guinea pig, voici donc le sulfureux A Serbian film, à la solide réputation.
Premier constat: cette réputation n'est pas usurpée.
J'ai vu la version non censurée, gratifiée de façon un peu tapageuse d'une interdiction aux moins de 18 ans. Je ne sais pas ce qui a été coupé, mais parfois les suggestions sont plus fortes que les images. Pour preuve la phrase finale, bien plus outrageuse que le reste, derrière laquelle survient le générique de fin. Cette dernière phrase, cet ultime moment enfonce le clou de l'horreur.
A Serbian film va loin donc, jusqu'à la limite. Cette limite, on n'est pas loin de la franchir.
J'aime les films audacieux. Et celui-ci en est un.
Je trouve injuste de réduire cette oeuvre à un simple torture porn. Je ne le classerais d'ailleurs même pas dans cette catégorie. Trop réducteur.
En effet, si tel était la volonté de Srdjan Spasojevic, on aurait eu
la scène d'arrachage de dent de la malheureuse katarina žutić.
Or non, on passe à l'étape suivante, tout aussi abominable.
A Serbian film n'est pas un simple torture porn comme tous ces films américains gentiment calibrés.
C'est une critique sociétale, dans un pays encore meurtri par la guerre et les horreurs subies, d'une nature humaine qui même en temps de paix ne peut résister à ses pulsions et fantasmes les plus noirs.
C'est un peu maladroit et pas très fin, voire même grotesque (j'avoue avoir eu un fou rire un moment), mais bon, le message est passé. On se l'est pris en pleine poire.
L'intrigue met du temps à se mettre en place, pour mieux dérouler son enfer dans les 40 dernières minutes.
J'ai beaucoup aimé la réalisation, loin d'être hystérique et épileptique. Quant à la bande originale, c'est un coup de maître. Elle est en parfaite adéquation avec l'ambiance malsaine et dérangeante.
C'est ça le cinéma
Parfois oui.