Dégoût !
Je ne parle pas de dégoût face aux scènes ultra trash ; J'en suis pas à mon premier snuff movie. Je parle de dégoût face au film en lui-même. Je vais commencer par rappeller que ma critique n'engage que moi, et que je vais pas être très objectif durant celle-là !
Commençons par le commencement, le scénario. Pour faire court, on a un mec, ancienne star du porno, qui est contacté par un homme qui veut le faire tourner dans un nouveau genre de film, apparemment ce serait de l'art (bon, ça me gave déjà). En fait, c'est pas de l'art, c'est juste un snuff movie. On a donc un snuff movie qui traite des snuff movie, c'est une idée assez bonne pour faciliter la trame scénaristique du film. On a un acteur porno, donc on se pose pas de question quand on le voit copuler violemment avec une fille, et on a un "artiste réalisateur cinéaste contemporain de la nouvelle vague de l'érotisme extrême d'Europe de l'Est" derrière la caméra, donc on se pose pas trop de question quand il sort ses idées farfelues (le mot est faible).
Le fait que le héro soit un ancien acteur porno semble justifié : C'est plus facile de passer sur des déviances en utilisant le sexe. S'il avait été jardinier, ça aurait été un peu plus compliqué. Par contre là où ça a commencé à vraiment me gaver, c'est quand Vukmir est arrivé. Vukmir et son cliché de "l'art c'est une bonne excuse pour faire ce qu'on veut". Je crache pas sur l'art contemporain, loin de là, et je déteste voir des gens s'en servir pour tout et n'importe quoi (j'avais prévenu que je serais pas très objectif !).
Ensuite on pourrait s'attaquer au vif du sujet, à ce qui fait vraiment parler : Les scènes "ultra gore".
Effectivement, certaines scènes sont vraiment trash, par contre on sent que le réalisateur a voulu aller plus loin, toujours plus loin, jusqu'au moment où il a du se rendre compte (une fois le film terminé et monté) que ça pouvait faire cheap... très cheap... Non, vraiment très cheap. Je vous rappelle qu'en 1980 sortait un film, en found foutage, se déroulant dans la jungle, traitant des usses et coutumes de certains peuples indigènes, était peut-être un millions de fois plus réaliste que ce film qui peut se venter d'avoir une image propre (je parle de la qualité de l'image et de la direction de la photographie, qui est propre (d'ailleurs ça m'a choqué, un film aussi pauvre et pourtant aussi riche (oui je sais, y'a pas mieux pour perdre ses lecteurs que de faire des parenthèses dans des parenthèses))). Je parlais bien sûr de Cannibal Holocaust. Alors oui, il paraît plus réaliste parce qu'il joue avec la notion de réalité vs. fiction et parce qu'ils ont été très... réels par certains moments. Mais quand on compare une scène de viol + meurtre dans Cannibal Holocaust (quand la meuf se fait empalé sur la plage) à une scène de viol + meurtre dans A Serbian Film (tiens, vous vous rappellez de la façon dont le héro tue le type à la fin... Jettez-y un œil), on sent le décalage.
Alors vous vous dites :
"Peut-être que ce film joue sur une ambiance malsaine, oppressante, anxyogène ?"
Non.
Non non, juste non. Je vais reprendre le même exemple, mais Cannibal Holocaust avait une vraie ambiance anxyogène. Bien que le fait que ça se déroule dans la jungle, avec des peuples dont on connaît les coutumes, participe à la construction de cette atmosphère. Mais A Serbian Film aurait très bien pu profiter d'une ambiance identique. On est quand même en Europe de l'Est, la guerre n'est pas si loin que ça. Mais là on se contente de nous parler d'une famille de dépravés (je rappelle que le gosse mate les films de son père... et je rappelle que le père est un acteur porno), qui s'enfonce dans la dépravation ("Tabasser une meuf pendant que je la viole ? Jamais ! J'ai des principes moi !" - "Contre 500€ ? Ahhh... Si tu me prends par les sentiments alors !"), jusqu'à atteindre son paroxysme : Le héro va violer son propre fils drogué, tout en regardant un mec violer sa femme droguée aussi. Elle est pas belle la vie ?
À ce niveau-là, ce que j'ai le plus apprécié dans le film, c'est le hors champs... et même le hors scénario : Imaginez une famille qui subit ça essayer de se reconstruire tant bien que mal ?
Pour conclure, et cela n'engage que moi, je n'ai pas trouvé le film que "mauvais", j'ai aussi trouvé que c'était une insulte à tou les gens qui avaient pris du temps, et qui avait pris sur eux, pour regarder ce film en entier (pour regarder ce film tout court*).
Le gore est absolument injustifié, je n'ai pas décelé de questionnement sous-jacent que ce film aurait pu induire. Les dialogues ont été écrits 3 minutes avant le début du tournage, après avoir avalé des tonnes de barbituriques. Le jeu d'acteur est transcendant... transcendant par la non-conviction qu'ils y mettent. L'OST m'a pas marqué, donc j'en parlerais pas (eeeeet j'en reviens toujours à Cannibal Holocaust, mais ça c'est de l'OST !). La seule chose qui m'a agréablement surpris c'est le travail de l'image, qui n'était pas dégueulasse du tout.
J'attendais d'écrire une critique sur ce film pour pouvoir l'oublier à tout jamais, c'est chose faite !