Extase !
Cet album c'est probablement l'album que j'ai écouté le plus de fois. Pourtant, j'ai découvert Stupeflip assez tardivement, j'étais au lycée. Ce devait donc être aux alentours de 2010.
J'ai dû écouter cet album approximativement cinq cent quatre-vingt-dix milles huit cent douze fois.
Cette oeuvre est pour moi un album majeur de la scène rap/rock/variété/électronique/underground française.
Stupeflip n'en est pas à son premier essai. Deux albums sont sortis avant celui-là, Stupeflip, et Stup Religion. Tous deux géniaux.
Mais avec The Hypnoflip Invasion, Stupeflip entre dans son apogée, comme l'empire Romain au II° siècle de notre ère.
Cet album est a écouté d'une traite, comme s'il était composé d'une seule track d'une heure, parsemée d'interludes, permettant à notre cerveau de prendre un peu de repos avant de se refaire agresser verbalement.
Stupeflip a déjà un univers bien à lui, des personnages, une histoire, des lieux, des peuples.
- Première track : Invasion
Avec cette track, Stupeflip envahit littéralement notre tête. Une musique qui monte lentement en intensité. Des voix parlant une langue inconnue. Une voix-off qui lance l'album. Des cris. De l'autodérision. Des voix bizarres. Une instru chelou. Des extraits de leur histoire. Un passage de la Bible. Oui, on est bien dans du Stupeflip. Et ce morceau lance l'attaque.
10/10.
- Deuxième track : Stupeflip Vite !!!
Waaahhh. Celle-là aussi je l'ai trop écouté. Et les gens ne m'aidaient pas en l'écoutant trop eux aussi. Mais en même temps, c'est le genre de morceau à rentrer dans ta tête, y creuser un trou et à s'y installer définitivement. Les deux protagonistes principaux, King Ju et Cadillac, sur fond de musique symphonique épique, parlent de leurs différences, de leur désaccords, et de leurs incompréhensions globales du monde qui les entoure.
10/10.
- Troisième track : La Menuiserie
Un son lent, hypnotique, ensorcelant, avec des bruits de scie, de marteau. Un chant un peu plus rapide, qui casse avec l'instru pesante, lourde. Le premier couplet traite de l'originalité des sons de Stupeflip, et de tous leurs contradicteurs. Le deuxième s'attaque, sans transition aucune, à la maladie mentale. Un enfant fou abandonné à l'asile par sa propre mère. Troisième couplet : King-Ju est pas un rigolo, si t'aimes pas ce qu'il fait, tu dégages et puis c'est tout. Sinon, attends-toi à des représailles...
10/10.
Petite interlude musicale, avec la présence de Reverb-Man, un des multiples personnages de la mythologie du Stup'. 72.8, c'est une fréquence stupéfiante.
- Quatrième track : Gaëlle
Premier titre de Pop Hip dans cet album. Pop Hip, c'est un peu le mouton noir du groupe. Ou plutôt le mouton rose. Il fait de la musique commerciale, électro-pop qui vend. Forcément, ça plait pas à tous les membres du groupe.
Là, en gros, il parle d'une histoire d'amour chelou entre deux moches.
9/10.
- Cinquième track : Check Da Crou
Je crois que c'est la première track où on entends les trois majors du groupe : King Ju, Cadillac et MC Salo. Bien évidemment, une petite intervention de Pop Hip.
Le Crou affirme sa présence et décrit sa musique qui laisse pas indifférent.
9/10.
- Sixième track : Le Spleen Des Petits
Morceau avec une instru que je trouve malsaine, malaisante. La thématique de cette track, c'est le harcèlement scolaire et les problèmes qui peuvent en découler. Ce morceau fait tâche avec le reste, dans le sens où il est directement parlant.
9/10.
- Septième track : Dangereux !!
Première interlude. Les interludes sont en général assez musicalement particulières.
10/10.
- Huitième track : Hater's Killah
Un thème redondant chez Stupeflip : Leurs détracteurs. Et on se rends compte qu'ils seront pas particulièrement sympathique avec eux. Le concept est pourtant clair : Si t'aimes pas, tu dégages.
Stupeflip a du matos vieillot, ils s'en battent les couilles du fric, ils font ça pour eux. Et ils le disent bien dans cette track.
Cependant, cette track décrit le mieux ce qu'est Stupeflip :
"... une construction mathématique ... un truc pataphysique ..."
9/10.
- Neuvième track : Strange Pain
Deuxième interlude. Encore un truc sorti d'une autre dimension où les gens parlent à l'envers (littéralement).
10/10.
- Dixième track : Gem Lé Moch'
Dans la même lignée que 'J'aime les moches' de Boublil, sorti quasiment en même temps.
Ils cassent les clichés en affirmant leur amour pour les personnes au physique pas dans la norme, sur une instru hip hop assez lourde.
9/10.
- Onzième track : Sinode Pibouin
"Le Sinode Pibouin était un conclave para-religieux, ayant lieu toutes les 5 années".
C'est une secte. Et on s'en rends compte assez rapidement quand Joël ose critiquer la Stup Religion, et se fait reprendre par son Maître.
Oh, et puis, les cœurs qui répètent "Sinode Pibouin", ça fait aussi très secte.
L'instru est toujours aussi particulière. On ne sait pas si on doit être mal à l'aise ou dérangé.
8,5/10.
- Douzième track : 72.8 Mhz
Troisième interlude. Pop Hip zappe de stations de radio jusqu'à en trouver une qui passe son dernier tube. Mais personne ne veut écouter son dernier tube.
10/10.
- Treizième track : Ce Petit Blouson En Daim
Non, en vrai ? Qui a envie d'écouter les aventures d'un jeune qui a flashé sur un blouson en daim à Châtelet ? Non content d'avoir juste flashé sur ce blouson, il a aussi eu un coup de cœur pour une paire de mocassin. On est bien loin de l'ambiance Stupeflip. Pop Hip fait trop de tort à Stupeflip.
Rah, et puis, c'est quoi cette façon de parler de la femme, d'en faire un objet. Il compare une femme à un mannequin dans un magasin de vêtement. Il ne base son attraction envers elle que par rapport à ses, je cite, "jolis seins". Pop Hip prends de plus en plus de risque. (joke inside)
9/10.
- Quatorzième track : Dark Warriors
Moi je pense que les gens sont trop durs en général.
9/10.
- Quinzième track : Lettre à Mylène
King Ju est un grand fan de Mylène. Il lui fait savoir dans cette déclaration ouverte.
7,5/10.
- Seizième track : Ancienne Prophétie
Quatrième interlude. Qui lance une des meilleures track de l'album, et une des meilleures track de la discographie de Stupeflip.
10/10.
- Dix-septième track : Apocalypse 894
Dans cette track, le Crou s'explique. Stupeflip, c'est rien d'anormal, c'est juste une façon de penser différente de ce qui est établit comme "la norme". Stupeflip c'est plein de chose, c'est une drogue, une philosophie, une façon de vivre, une religion. Stupeflip c'est un mode de vie. Aucun groupe n'est comme Stupeflip, et aucun groupe ne sera jamais comme Stupeflip. Et gare à ceux qui tenteraient de les copier. Reverb Man manie très bien les nunchakus.
10/10.
- Dix-huitième track : La Mort à Pop Hip
Ce qui devait arriver, arriva.
Mais, qui sait, peut-être Pop Hip survivra, en Enfer.
On notera la référence bien placée.
Pour les gens qui cherchent la musique qu'on entends en fond sonore chez Pop Hip, say no more :
https://www.youtube.com/watch?v=79tE1cOoffE
10/10.
- Dix-neuvième track : Le Cœur Qui Cogne
Hé oui. Pop Hip avait gardé des enregistrements de ses œuvres démoniaques.
7,5/10.
- Vingtième track : Keep The Faith
Ohhh... raté!
Ohhh... raté!
Interlude qui lance l'outro de l'album.
10/10.
- Vingt-et-unième track : Region Est
Stupeflip remercie un par un les gens ayant participé, directement ou non, à l'avènement de ce Saint-Graal.
Ils remercient des êtres vivants mais aussi d'autres trucs (les côtes de porc, le yop au chocolat...)
Puis, arrive Popaul, connu sous le nom de Cheetah Cheetadini, the italian Monkey.
Il raconte son 14 juillet à la campagne.
Puis, King Ju reprends la parole...
10/10.
Ce morceau clôt et résume parfaitement l'album. Un enchaînement, en apparence, insensé, de morceaux n'ayant aucun rapport les uns entre les autres, avec des instrus bizarres, des paroles sans queues ni têtes. En apparence seulement.
Stupeflip, on adore ou on déteste, il n'y a pas d'entre-deux.