Voilà donc ce fameux torture porn qui provoque la polémique depuis sa première présentation au festival d'Austin en mars 2010. Évanouissement et bras cassé au marché du film à Cannes, directeur de festival devant les tribunaux en Espagne, odeur de souffre précédant ses projections dans une multitude de festival (parmi les plus connus par chez nous, le BIFFF ou L'Étrange Festival) pour finir par une sortie d'une version expurgée en Grande-Bretagne et aux USA en mai.
Alors tout ce vacarme est-il mérité ?
Oui si l'on considère l'horreur du contenu, toutes les déviances possibles étant passées en revue, faisant passer un "Saw" pour ce qu'il est d'ailleurs, un petit film d'horreur mignon et surtout un bon petit produit bien calibré.
Mais en même temps, l'outrance de certaines scènes est telles qu'on frise le grotesque, donc pour moi, l'intérêt de ce film ne réside en rien dans l'horreur qu'il montre, et encore une fois, je pense que si on s'arrête à cela, le film restera un produit scandaleux mais pas grand chose de plus.
Et c'est là que se situe à mon avis l'injustice, car il y a l'autre face de ce film, certes discutable mais beaucoup plus intéressante, celle de la métaphore politique et sociétale. Bien sûr, d'autres l'ont fait en leur temps, et de manière bien plus brillante, on peut citer des Kubrick, Haneke ou encore Pasolini. En cela, le film a un véritable intérêt et se justifie jusque dans son outrance.
De plus, ce qu'il montre a tendance à rendre invisible la manière dont il nous le montre, et là encore, c'est vraiment dommage car le contenu est finalement bien plus intéressant que le contenant, la mise en scène étant par instants assez brillante, la bande-son intense et bien exploitée, sans compter une qualité de montage dont un paquet de films d'horreur ferait bien de s'inspirer.
Bref, ce film est digne d'intérêt si on regarde au-delà de la polémique, et après tout, à ce niveau-là, rien de nouveau sous le soleil, l'histoire est ancienne et ne fait que se répéter depuis les années 80 avec un certain "Guinea Pig", précurseur dans la légende du snuff.
Et l'histoire du cinéma continuera d'être jalonnée de scandales, j'en veux pour preuve le "The Woman" (1) que j'ai vu il y a quelques jours à peine.
(1) http://www.senscritique.com/film/The_Woman/critique/7259096