Dans la famille du politiquement incorrect, du subversif ++, de l'amoral, du glauque et des films qui font bobos aux enfants, A Serbian Film est le tonton un peu bourré et obscur, que tout le monde n'a vu qu'une fois et qui ne sera plus jamais invité tellement il a foutu le bordel.
Interdit dans plusieurs pays tels que l'Espagne ou la Norvège, parfois en plein festival, censuré dans les pays ne l'ayant pas interdit (Ne cherchez pas, la version censurée s'est pris une bonne grosse interdiction au moins de 18 ans chez nous, avec seulement un retrait de deux minutes de film), ce film de Srdjan Spasojevic (et là je remercie le copier-coller) à de quoi titiller la curiosité des amateurs de cinéma gore et hardcore.
L'histoire est somme toute assez basique, Milos, une star de porno "à la retraite" se retrouve sur un dernier tournage, avec un taré aux commandes, qui s’avérera être un snuff, donc rien n'est simulé, tout est vrai, des scènes de viol pédopornographiques aux scènes de shoots avec des drogues quelconques.
Putain. C'est dur. C'est dur d'encaisser ce film. Les scènes de tournages sont d'une violence extrême. C'est extrême et c'est loin d'être jouissif comme dans un Hardcore Henry ou certaines scènes d'un Tueurs Nés. C'est violent, explicite et ça fait mal. Et ça porte ses couilles. Spasojevic veut choquer et remettre en question ce qu'il peut. Que ce soit l'accès à la pornographie (sérieusement... qui laisserait son gosse regarder les pornos de son père à 8 ans ?), la dimension artistique de la violence, les limites de la folie ou les séquelles d'une carrière entière dans le cinéma X.
La violence du film n'est pas seulement physique, le film frappe fort dans la psychologie du personnage, de plus en plus torturé, alcoolique alors qu'il retrouve ses souvenirs à l'aide de cassettes nous présentant les scènes de snuff, et frappe tout autant dans la psychologie du spectateur en nous faisant vivre de manière implicite certains passages.
Au final, A Serbian Film est un film graphique, qui cherche à répugner le spectateur, et il est efficace à ce niveau là, il cherche aussi à faire réfléchir sur des thèmes assez récurrents (la pédophilie, la drogue) mais de manière plus crue qu'un Seul contre Tous ou un Requiem For A Dream, tout en apportant une vision assez nihiliste du monde et de l'industrie du cinéma plus ou moins experimental, en jouant sur un esthetisme froid et glaçant, diablement efficace.