Les frères Coen ont fait le Job
Les frères Coen semblent réaliser ici un film hermétique dont on ne sait quelle piste suivre. Ils ont passé leur enfance dans la proche banlieue de Minneapolis, tout comme le personnage principal, Larry Gopnik. Il s’agit donc peut-être d’un film autobiographique puisque Danny, le fils de Larry, va à l’école hébraïque et prépare sa Bar Mitzvah. Alors que la vie de Larry, professeur de physique à l’université en attente de titularisation, semblait sans histoires, ses ennuis s’accumulent subitement : problèmes de couple, problèmes d’argent, problèmes professionnels, etc. Est-ce donc, comme dans la plupart des films des frères Coen, un looser sur lequel le sort s’acharnerait cette fois-ci de façon particulièrement injuste ? Si le film n’avait pas en permanence un ton ironique, il serait ennuyeux et, en l’absence de chute apparente et de fin claire, très énigmatique.
Mais comme parfois (souvent ?) avec les frères Coen, il y a une clé indispensable à la compréhension du film. Barton Fink (1991), qui racontait l’histoire d’un scénariste en manque d’inspiration persécuté par son voisin de chambre, évoquait la seconde guerre mondiale et l’oppression des juifs par les nazis. O’ Brother (2000) était inspiré de l’Odyssée d’Ulysse. A serious man est la transposition de l’histoire de Job, personnage biblique. « Job représente l'archétype du Juste dont la foi est mise à l'épreuve par Satan, avec la permission de Dieu » (Wikipédia). Job subit des épreuves terribles mais reste fidèle à Dieu, qui finira par le récompenser en lui restituant sa femme, ses enfants, ses biens, doublés.
Une fois que l’on connait cette clé, tout s’éclaire. Toute la question est de savoir si Larry va réussir à subir toutes les épreuves (donc à rester « sérieux ») sans renier Dieu...