Le cantique des quantiques
Après le plus que mitigé Burn after Reading, les frères Coen reviennent agréablement à leurs origines et revisitent le mythe de Job.
Ce film raconte les mésaventures de Larry Gopnik, professeur de physique quantique qui se retrouve mêlé à de multiples désagréments. Il y a son job à l’université déjà qui est en attente de titularisation, sa femme qui veut divorcer et, bien pire, obtenir le guet, son fils qui prépare sa Bar Mitzvah en découvrant les joints et en écoutant Jefferson Airplane, sa fille qui veut se refaire le nez, son frère qui squatte tel un affreux boulet, ses voisins plus ou moins agréables et comme seul recours des visites aux rabbins toutes plus surréalistes les unes que les autres…
1967, Minnesota, pas la peine de chercher trop loin l’inspiration pour les frangins qui avaient alors 10 et 13 ans dans le même type de banlieue de Minneapolis…
Un film parfois déconcertant dans son propos même, et qui rappelle plus souvent qu’à son tour l’absurdité hilarante des récits hassidiques et tout un pan de la tradition israélite… Du coup, le film risque parfois de tourner un peu en rond, mais le charme opère tout de même.
Abandonnant pour un film leurs acteurs habituels, les frangins ne perdent pas au change avec un casting plus vrai que nature qui ne sombre jamais dans la facilité de la caricature.
Retrouvant avec bonheur Roger Deakins à la photographie, le duo revient à ce qui faisait le charme imprévisible de leurs premiers opus, même si en mode mineur. Par petites touches imperceptibles, ils enferment leur professeur dans une toile impitoyable qui offre probablement plus de réponses face à l’absurdité du monde que les rabbins consultés à tour de bras.
Gentiment vain dès sa démarche, le film possède pourtant beaucoup de charme et s’impose comme un passage obligé pour les amateurs des deux loustics. Une jolie parenthèse en quelque sorte, mais plus nécessaire que prévue.